Je vais faire une brève réponse concernant cet anime, pour tous les déçus, qui peut-être faute de réelle compréhension du film, ont lâché cet opus et préféré le 1, qui n'est à mon goût, qu'une ébauche de celui-ci.
Le scénario serait vide et la philosophie serait pauvre ?
On est toujours dans le même thème que dans le 1 certes mais l'argumentation qui pèche soit disant par son manque de clarté ou de précision se base sur la philosophie du 17eme, en plus clair, Descartes. Comme quoi, l'esprit et le corps sont deux substances différentes liées par une glande à la base du cou si mes souvenirs sont bons.
Autant dire que le débat sur le corps et l'esprit, le "mind-body problem" chez les anglais a été repris par bon nombre de philosophes, dont ceux du 19ème qui établirent, un peu à la manière de Spinoza, de rassembler ses deux substances en une, ou de conclurent à un parallélisme entre les deux: la doctrine du parallélisme donc.
Innocence est donc déjà bien riche en antécédant, et cherche non pas, à donner de l'
innocence à une poupée en premier lieu, mais à poser ce problème comme une question. Batô qui a un ton de sermon, n'est pas là pour nous convaincre nous, mais il est là pour faire avancer la dialectique à la manière de Platon, avec un adversaire. Remarquez, qu'il a toujours dans un adversaire dans les discussions et que le film ne fait qu'avancer comme cela, il admet des principes premiers pour arriver à la question réelle, qui tourmente l'anime: " le fantôme dans la machine".
Qu'est-ce ? Y en-a-t-il un d'abord ? Depuis le premier opus, la direction est prise, l'esprit est admis comme autre chose qu'un simple cerveau et le corps comme un simple support.
L'
innocence de la poupée alors ? Pourquoi ?
Parce qu'une poupée n'a pas d'intentions, elle est pure de tout bien et de tout mal, elle est au pire immobile, au mieux mobile par des programmes. Là est son
innocence, elle n'a ni désir, ni égocentrisme, ni valeurs, rien, le néant dans la pensée.
Oshii ne va pas jusqu'à dire qu'une poupée est meilleure que l'homme, il cherche seulement quelle différence il y a entre les deux. Les forces et faiblesses de l'un et l'autre.
Vous croyez vraiment que si Batô hésitait, l'histoire aurait avancée comme elle l'a faite ? C'est à ces personnages de faire l'histoire, elle n'est pas venue à eux comme dans la plupart des films, où un inexorable destin leur tombe dessus.
D'ailleurs par rapport à la remarque faite sur la discussion : " les bébés apprennent leur humanité en observant leur poupées."
Comment crois-tu apprendre le mal, et le bien ? Crois-tu que sans l'un, l'autre existe ? Plutôt que de traiter la forme, il faut un peu s'attacher au fond. Ici Oshii admet la pensée comme un jeu d'oppositions: je ne sais pas ce qu'est la mort, mais je sais ce qu'elle n'est pas. Par exemple.
En citant cette phrase et en la donnant comme imbécile, tu te trahis toi-même.
Donc, la poupée, comme contraire de l'homme ? Sommes-nous les fruits d'un environnement et de nos sensations, ou avons-nous un esprit qui décide par lui-même, ou bien les deux ?
Est-ce que si nous offrons une âme à une poupée, sera-t-elle humaine ?
La question n'est pas de savoir vraiment si l'esprit est plus important ou le corps, mais de savoir si, quelque chose d'autre que l'homme peut-être un homme.
Repousser les limites de la poupée, pour connaître les limites de l'homme.
Là était l'enjeu du film. Mais Oshii n'a pas la science infuse, comme certain le déplore, et si le problème du corps, de l'esprit et de l'homme n'est pas résolu depuis environ 4 siècles, il y a bien une raison.
D'ailleurs Gilbert Ryle en début du siècle dernier, parlera mot pour mot du mythe du " fantôme dans la machine".
Pour ce qui est des citations de Oshii. À la place de les juger trop hâtivement comme un défaut d'intelligence personnelle, je n'en dirai rien, puisque je n'ai pas pu vérifier encore le fond de la pensée de chaque auteur dont elles sont tirées, et leurs symboliques ou leurs significations possibles.
Je dirai juste qu'il faut arrêter les jugements hâtifs. Est-ce Oshii qui n'a plus d'imagination, ou le spectateur, qui n'a pas les clefs pour ouvrir les portes qui donnent sur l'immense richesse de cet anime.
Je n'y répondrai pas, puisque je ne suis moi non plus, pas exempt de défauts et je n'ai pas la connaissance absolue.
Je m'arrêterai ici, et continuerai lors d'un second visionnage, pour compléter mon argumentation.
Lorsque quelque chose ne nous a pas plu, plutôt que de se buter, remettez en question votre manière de regarder, et vous trouverez peut-être de nouveaux intérêts, à matter telle ou telle oeuvre.
Pour moi, je vais être clair, chef d'oeuvre plastique, musical, et argumentatif. Mais n'oubliez pas que l'on n'attend pas d'un film qu'il soit une révolution de pensée.
Matrix lui-même, c'est de la SF des années 50, et du Descartes remaniés.
Une oeuvre d'art pose une question, et un philosophe tente de trouver LES réponses.
Ici, les deux se mêlent, mais ne pas prendre l'oeuvre à sens unique non plus.
Une grosse question qui se pose en admettant ce qu'admet le film.
L'homme, plus qu'une poupée, mais quoi ?
Est-il si innocent que cela, lui qui possède l'intention ?
Edit : j'ai dû me fourvoyer sur certains points, je viens de me relire.
il faudra que je complète le bordel, parce que sur certains points, j'ai l'impression d'avoir fait fausse route ou d'avoir mal développé.
J'essaierai de vous donner ce que je pense et si d'autres gens ont, eux-aussi, une vision de l'oeuvre, alors je l'attends avec impatience pour me nourrir.