Ashtaka, le 11/06/2009 à 19:02, dit :
Tout le monde cotise pour le RMI ou sa Sécu afin de pouvoir en profiter au moment où il en a besoin (scoop : c'est le principe de toute assurance). Or le RSA ce n'est n'est pas une assurance mais une aide d'état. Dès lors son existence dépend de son utilité dans le temps, soit l'objectif qu'il s'est fixé. On me le vend comme étant un bon moyen de lutter contre à la fois la "glandouille" (copryghted by Fadela Amara) sous perfusion sociale et par là même contre la précarité. Je répond que qu'on aura ni l'un, ni l'autre et vraisemblablement même encore pire puisqu'on continue de gaspiller de l'argent. Tiens, c'est pas Bayrou qui a fait du déficit public l'ennemi numéro 1 ?
Tout d'abord, si tu veux veux être précis, le RMI n'est pas une assurance. Non seulement, il n'y a jamais eu besoin de cotiser pour le toucher (ce n'est donc pas une assurance) et par ailleurs il me semble que le RMI n'est même pas financé par les cotisations sociales. Le RMI c'est justement ce qu'il te reste, ou ce que tu reçois, quand tu n'as plus rien. La seule condition pour en bénéficier est de prendre l'engagement moral d'effectuer les démarches nécessaires pour retrouver les conditions d'un emploi. "Démarche nécessaires", c'est un terme relativement vague qui dépend de la situation du bénéficiaire (ça va de l'envoi de candidatures à la cure de désintox...).
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Explique moi en quoi 100 euros en plus par mois va pousser :
- Les assistés à se lever subitement le cul le matin ? S'il vivaient si mal que ça, ils ne se contenteraient pas (volontairement) du chômage. 100 euros ça leur est négligeable. Eh puis si c'est une question d'argent à la fin du mois, pourquoi ne pas doubler ou tripler le RSA ? On veut régler ce problème oui ou non ?
100 Euros, c'est pas rien, c'est même énorme par rapport à un salaire mensuel de 600 Euros. 100 EUR c'est même considérable pour un smicard. Je comprends même pas que tu puisses dire que c'est négligeable. Mais comme je l'ai dit, tripler ou démultiplier sa valeur, ça crée des trappes à bas salaire. L'intérêt du RSA c'est bien de fournir des allocations personnalisées selon les situations afin de gommer plus efficacement les effet de seuil. Mais attention : je reconnais que le système est loin d'être parfait.
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- Sortir tous les autres de la précarité ? 100 euros ça fait du bien, mais ça reste toujours du court-termisme et pas des ronds en plus sur la fiche de salaire. La précarité ce n'est pas qu'une question de pognon, mais ça aucun dirigeant politique n'a l'air de le comprendre. Forcément, c'est facile de prétendre sortir du pognon pour le bien des plus pauvres, surtout quand il ne s'agit pas du sien (ces gens vivent de l'argent publique, ce n'est qu'un retour à l'envoyeur). On a le droit de dire des inepties du moment que c'est pour la bonne cause. Il y a que les "égoistes" pour critiquer une telle attitude. Merci, on connait le refrain bien démago.
Ca dépend de quel point de vue tu te places. 100 EUR d'allocation mensuelle, au final, pour celui qui en bénéficie, c'est presque comme s'ils étaient sur la fiche de paie. Le fond du problème (outre le financement, bien entendu) c'est le blocage du salaire du bénéficiaire, dont la carrière et le niveau de vie n'évoluent pas. La cause principale du problème, c'est à mon avis le chômage de masse (offre de travail excessive) qui tire les salaires moyens à la baisse. Le seule remède de fond qui peut venir des dirigeants politiques, c'est de relancer la croissance à coup de politiques structurelles : politiques industrielles et économiques COORDONNÉES au niveau local, national et européen. Mais ça nécessiterait probablement des transitions/reconversions économiques extrêmement lourdes et pénibles pour les salariés à court terme. Qui va prendre la responsabilité aux agriculteurs, pêcheurs, ouvriers de certaines industries lourdes que leur activité est condamnée, que ça ne sert à rien de les soutenir parce que ça coûte trop cher, et qu'il vaudrait mieux se reconvertir tout de suite, par exemple, dans les services à la personne ?
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Question finance, au lieu de faire payer plus à tout le monde pour redistribuer à certains, il est plus intelligent et économiquement sain de prélever moins chez les personnes concernés. Mais ça en France c'est structurellement impossible puisque les prélèvements se retrouvent tous dans le même bocal et qu'on pioche de ci, de là au moment de la redistribution. Clairement, on est dans notre pays incapable de dire qu'est-ce qui finance quoi et à quel moment. En pratique l'Etat Français ne sait pas où va son argent. Quiconque lit de temps en temps les rapports de la Cour des Comptes y trouve des illustrations à foison.
C'est déjà partiellement le cas : les bénéficiaires du RSA ne sont pas soumis à l'impôt sur le revenu ou la taxe d'habitation. Quant aux cotisations salariales/patronales, ces sommes ne se "baladent" au hasard comme tu sembles le dire (l'assurance veuvage ne sert pas à construire des routes ou payer les voyages en avion des ministres). J'ai l'impression que tu critiques le fondement même de l'impôt qui est un prélèvement non-spécifique par nature.
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Je n'aimes pas ce que tu sous-entends alors je te réponds de suite que ton préjugé idéologique à la noix tu le garde pour toi. Rien ne permet de te dire que je n'ai jamais eu de soucis dans ma vie et que je me la coule douce. En revanche, je crois que toi tout comme moi nous ne sommes pas des "précaires" et donc bénéficiaires du RSA. Cela ne t'empêche pas d'en parler, alors permet moi d'avoir le même intérêt que toi sur la chose.
Et bien OUI j'ai déjà touché la PPE par le passé (et j'ai failli passer au RMI et je te garantis que je suis bien content que ce soit derrière moi), et donc, si les circonstances se reproduisaient aujourd'hui, je toucherais le RSA. Donc OUI je me permets de donner mon avis sur la question, ce n'est pas un préjugé idéologique. De par mon travail actuel, je connais aussi plein d'étudiants qui travaillent à mi-temps pour payer leurs études et qui pourront toucher le RSA. Ce qui contribuera peut-être partiellement à leur réussite professionnelle et, dans ce cas, ils rembourseront à ce moment là.
J'ajoute que je suis également passé par la case ANPE/ASSEDIC et j'ai trouvé que c'était incroyablement merdique et démotivant. Certes il y a des glandeurs dans le lot des chômeurs, mais j'ai aussi vu le "système" d'assez près pour le juger monstrueusement écrasant et décourageant pour des individus qui sont en situation difficile. C'est pas si facile d'avoir une volonté d'acier et un moral d'enfer quant tu te retrouves en bas de l'échelle.
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Néo-libéral c'est synonyme de Keynésien ?
J'arrive pas à déterminer si tu ironises ni même dans quel but tu me poses la question

Dans le doute, je réponds : non.
EDIT : en revanche, tu veux peut-être mettre en évidence l'utilité très relative d'une mesure d'inspiration néo-classique dans un environnement de chômage de masse involontaire de type keynésien ? (si on m'avait dit que je sortirais un jour une phrase pareille, je ne l'aurais jamais cru !

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Merci d'élever le débat. Partant de cette critique, comment peux-tu défendre ce tripatouillage inutile qu'est le RSA ? Ca ne sert à rien, ça n'aide en rien, comme tous ses petits frères avant lui. Est-ce que les 200 euros donnés aux DOM-TOM a régler quoi que ce soit d'autre que la tension émeutière (notez comme on s'enfout désormais) ?
Justement ça n'a rien à voir. Dans le cadre des Dom Tom, on parle d'une prime ponctuelle : là c'est du n'importe quoi, on leur filé quatre biftons de 50 pour qu'ils ferment leur gueule. C'est du court-terme poussé à l'extrême et absolument inutile dans la gestion d'un foyer. Le RSA c'est absolument l'inverse : c'est un revenu régulier (à la différence aussi de la PPE). On pourra en revanche le critiquer comme une certaine forme d'assistanat, mais je crois que c'est un peu le cas de toutes les mesures de solidarité.
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Les gouvernants distribuent du pognon sans aucun suivi derrière. C'est de la com et rien d'autre. Le RSA, dans 1 an ou 2 il sera remplacé par un autre. On lui donnera un joli nom qui fait fait social et ça occupera le JT et les journaux pendant quelques jours. Avec de la chance on aura même droit à une allocution du président, concerné qu'il est par la détresse sociale dans ce pays. Vous ne vous fatiguez jamais de tout ce cirque ?
Le RSA s'inscrit dans la dynamique générale des politiques de réinsertion, et en aucun cas je ne pense qu'il constitue la "fin de l'histoire". Il est en effet probable qu'il soit remplacé dans 1 an ou 2 par un autre, ce ne me ferait a priori ni chaud ni froid, si c'est que ça crée d'incessantes changements administratifs qui restent parfois difficiles à saisir pour les titulaires de bas salaires (il était déjà fréquent que les gens ne sache même pas qu'ils avaient droit à la PPE).
Junta, le 11/06/2009 à 20:50, dit :
Peu importe ce que je pense en fait dans ma précédente remarque, elle était plutôt là pour dire que ce n'est pas parce que c'est une sarko-mesure qu'elle est forcément mauvaise.
Mais pour aller plus loin, j'ai en effet tendance à penser que ce n'est pas une mauvaise idée, cependant j'avoue ne pas connaître assez la mécanique technique du RSA pour la juger précisément, je m'intéresse surtout au principe que lequel elle se base.
Le RSA est en fait un label unique regroupant plusieurs allocations et modifiant leur calcul. En premier lieu, il se substitue au RMI (même somme). EN deuxième lieu il constitue également un complément de revenu pour les gens qui retrouvent un emploi à bas salaire. Il est alors calculé en fonction (positive) de l'allocation dont bénéficiait auparavant le demandeur d'emploi et en fonction (négative) du niveau de son nouveau salaire (anciennement : prime pour l'emploi). Enfin le RSA est un complément de revenus mensuel permanent pour les bas salaire en fonction de leur situation sociale (anciennement : prime pour l'emploi, allocation parent isolé).
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C'est quand même mieux qu'une prime annuelle (prime pour l'emploi), parce qu'une aide une fois par an ça n'a pas grande utilité en général.
Tout à fait d'accord, une prime annuelle c'est sympa dans l'esprit, mais ça reste techniquement difficile à gérer.
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Pour les trappes à inactivité, là je relative vachement (surtout quand c'est l'Huma qui en parle ^^). A celà deux raisons : j'ai eu un ami RMIste et il s'en contentait parfaitement : vivant dans un FJT, alloc loyer, pas de voiture, bref très peu de frais, il ne vivait pas sur l'or, mais franchement pas plus mal que s'il avait été au smic ; j'ajoute même que techniquement une fois ses factures payées il lui restait parfois plus qu'une fois les miennes payées, et je gagnais déjà bien plus que le smic... Ca donne à réfléchir.
Là je pense que c'est variable selon les cas. Je pense quand même que, bien que certains s'accommodent sans doute de la situation, dans l'ensemble, les RMIstes ne sont pas satisfaits de leur situation. La plupart des chômeurs que j'ai connus n'étaient pas heureux : le mythe des mecs qui vivraient heureux comme des rois avec le RMI, j'y crois moyennement ; c'est assurément loin d'être la règle. Ce serait comme prétendre que les salariés de Continental se sont arrangés pour se faire virer afin de pouvoir toucher des allocations chômages. Ce qu'il faut comprendre c'est que les bénéficiaires du RSA sont souvent dans des situations personnelles assez complexes ; un exemple simple : la mère au foyer sans emploi qui doit payer une crèche et un moyen de transport si elle retrouve du travail à temps partiel. La différence entre RMI et salaire peut être insuffisante pour inciter un retour à l'emploi, à coté de toutes les contraintes que cela suppose. C'est ce genre de situations auxquelles le RSA tente de remédier. Evidemment tout ceci n'est valable que si l'on considère que l'emploi est un vecteur fort de réinsertion sociale ; on pourait tout à fait passer dans un paradigme social différent, mais c'est une autre histoire...