Non bien sûr c'est regrettable pour tous ceux qui suivaient leurs séries, mais ce que je veux dire par là c'est que pour moi cet éditeur était plus une pompe à fric qu'autre chose. Alors que d'autres éditeurs dans les années 90 essayaient de lancer le manga en propulsant des titres de qualité, et casser l'image des "japoniaiseries" bourrées de sexe et de violence, lui son arrivée sur le marché fut accompagnée d'une vague de mangas pornographiques. Et je sais pas si tu as déjà ouvert des Tokebi, mais à part quelques bonnes séries comme Chonchu, le reste c'est franchement de la daube. Et pareil pour Akiko, j'ai rarement lu des mangas aussi nazes, c'est à se demander s'ils les lisent au moins une fois avant de licencier. Quand je vais dans des magasins d'occaz' style Gibert, je constate qu'une bonne partie des mangas en rayon sont de cet éditeur, et qu'ils ne bougent jamais des étagères, les mois passent, et ils sont toujours là.
Pour moi, le but d'un éditeur de manga, c'est avant tout de faire découvrir au public francophone des bonnes séries de manière rentable, et pas de vendre le premier bouquin trouvé uniquement pour se faire de l'argent dessus, parce que le marché du manga est (était ?) un marché d'avenir en plein essor. Quand on prend les mangas que publiait Glénat à leurs débuts dans ce domaine, on trouvait vraiment de très bonnes séries, et pourtant pas toujours très connues. Autrement dit, ils prenaient pas mal de risques. Mais les circonstances ont fait qu'ils ont abandonné la plupart d'entre elles pour se tourner progressivement vers des séries à plus gros calibre style Dragon Ball, à la manière de Kana, et qui vont faire davantage de ventes bien que cela ne signifie pas qu'elles soient meilleures pour autant (je pense en particulier à un petit ninja blondinet en culotte orange). Et pourtant ces séries-là, elles, auraient bien valu la peine d'être continuées ! Idem pour Tonkam qui sortait lui aussi de très bons mangas. Il y avait un vrai processus de sélection, ils avaient, à mon opinion, vraiment du goût. C'est ainsi qu'on a vu des auteurs comme Katsuhiro Otomo, Masamune Shirow, Atsushi Kamijô, Naoki Yamamoto, Mohiro Kitoh, Hisashi Sakaguchi, Taiyo Matsumoto, etc. etc. faire leur arrivée en France, et on peine à les redécouvrir maintenant. Maintenant à part Delcourt, Asuka, Doki Doki, Milan ou Casterman, j'ai l'impression que les éditeurs actuels se contentent de suivre le baromètre japonais de façon opportuniste. Il suffit de voir comment Pika sort les fonds de tiroir de CLAMP après que leurs meilleures séries (RG Veda, Tôkyô Babylon, Clover, Wish, Magic Knight Rayearth, Card Captor Sakura) se soient écoulées : Angelic Layer, J'aime ce que j'aime, Rex, ou bien CLAMP Anthology (à presque 20€ le magazine riquiqui de quelques pages), c'est bien parce que leur nom figure sur la couverture que ça passe...
C'est sûr que c'est malheureux d'arrêter autant de séries, il y en avait de bonnes parmi elles, mais c'est le principe de la poule aux oeufs d'or. Parmi toutes les séries que tu as citées, il y en a pas mal qui franchement, bien que ce soit triste pour ceux qui avaient commencé à les acheter, ne valent pas la peine qu'on s'apitoie dessus. J'aurais plutôt tendance à pleurer sur l'arrêt de séries comme Candy Candy, qui elles sont vraiment une grande perte - il suffit de voir la
signée chaque jour par des gens du monde entier qui réclament son retour et de voir les prix délirants auxquels part chaque tome sur eBay si l'on n'en est pas convaincu. C'est peut-être un avis très personnel, mais comme je l'ai dit plus haut, il suffit de constater à quel éditeur sont les mangas qui ne décollent pas des rayons des magasins d'occasion. Le fait qu'ils soient en liquidation n'est pas un mauvais coup du sort, c'était tout à fait prévisible.