Citation
L’espace de liberté, quasi totale, qu’est le Net sera-t-il bientôt un lointain souvenir? A cause des déclarations politiques de ces dernières semaines, la communauté Web s’inquiète de voir disparaître ses aises. Revue de ce qui s’appelle «liberticide» pour les uns et «régulation» pour les autres.
- La chasse aux pilleurs
Mercredi 18 juin, la loi anti-téléchargement passe devant le Conseil des ministres. Elle vise à anesthésier les pirates des réseaux peer-to-peer en leur adressant des mails de réprimande avant de passer à la suspension de leur connexion.
- La chasse aux blogs
Attention blogueurs, les règles changent! L’agence Associated Press (AP) a décidé de réclamer 12,5 dollars (8,5 euros) à chaque fois qu’un internaute cite plus de cinq mots issus d’une dépêche de cette agence sur son blog.
La liberté des blogueurs semble se réduire depuis le procès perdu par Fuzz, un site qui a agrégé un lien évoquant la vie privée de l’acteur Olivier Martinez, en mars dernier. Signe, selon l’avocat de Fuzz, que «tout site qui fait du communautaire, qui ne modère pas les contenus des internautes avant qu'ils soient mis en ligne, peut à tout moment recevoir une assignation en justice».
- La chasse aux sites de presse
Le gouvernement n’est pas fan des sites des journaux. Pour Nicolas Sarkozy, c’est simple: la crise de la presse écrite est la faute d’Internet, comme il l’a lancé le 27 mai («le problème d'Internet est considérable, parce que comment voulez-vous que les gens achètent leurs journaux en kiosque s'ils sont gratuits sur Internet?»). Et son conseiller Franck Louvrier en a rajouté une couche: la course à l’audience des sites web des journaux «fait primer le commentaire sur l’explication et le scoop sensationnel sur l’information vérifiée», laissant voir, selon lui, «des écarts étonnants entre la qualité des journaux papier et celle des sites Internet du même nom.»
La faute au fait que le Président est l’une des cibles préférées du Net (l’affaire du SMS a été publiée sur le site du Nouvel Obs et la vidéo «Casse-toi pauvre con» sur le site du Parisien)?
- La chasse à la neutralité
Actuellement, Dailymotion ne peut pas payer pour avoir une bande passante plus rapide que celle de YouTube — cela permettrait aux vidéos d’apparaître plus vite — car les acteurs du Net respectent une sorte de «neutralité». Or ce principe pourrait voler en éclat si les opérateurs se mettent à donner plus ou moins de bande passante selon le prix mis sur la table. Même Google a pris la parole pour protéger la neutralité de la bande passante (« Nous avons pris pour acquis le fait que l’on pouvait innover sur les réseaux sans l’autorisation de quiconque — aucune entreprise de bande passante, ni aucun autre gardien de réseau n’a essayé de nous dire quoi faire»).
- La chasse aux sites illégaux
Nadine Morano et Michèle Alliot-Marie le veulent: que les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) bloquent l’accès aux sites pédophiles, puisque plus d’un tiers des 11-17 ans aurait déjà été confronté à des images choquantes. Problème: qui décidera qu’un site pédophile ou pas? Une mesure rationnelle, mais qui peut engendrer d’autres blocages si la technique de filtrage fonctionne (la loi anti-téléchargement prévoit d’ailleurs un blocage de sites qui hébergent des œuvres illégales). Problème pour les FAI: quand bien même elles seraient contre le filtrage, coûteux à mettre en place et pas forcément efficace, il leur est difficile de le dire sous peine de passer pour des pro-pédophiles.
Trouvez-vous que la liberté sur le Net se réduise? Donnez-nous des exemples ci-dessous...
Jeff Haynes AFP/Archives ¦ Une personne surfe sur internet
Alice Antheaume et Simon Taisne
20Minutes.fr, éditions du 18/06/2008 - 16h59
- La chasse aux pilleurs
Mercredi 18 juin, la loi anti-téléchargement passe devant le Conseil des ministres. Elle vise à anesthésier les pirates des réseaux peer-to-peer en leur adressant des mails de réprimande avant de passer à la suspension de leur connexion.
- La chasse aux blogs
Attention blogueurs, les règles changent! L’agence Associated Press (AP) a décidé de réclamer 12,5 dollars (8,5 euros) à chaque fois qu’un internaute cite plus de cinq mots issus d’une dépêche de cette agence sur son blog.
La liberté des blogueurs semble se réduire depuis le procès perdu par Fuzz, un site qui a agrégé un lien évoquant la vie privée de l’acteur Olivier Martinez, en mars dernier. Signe, selon l’avocat de Fuzz, que «tout site qui fait du communautaire, qui ne modère pas les contenus des internautes avant qu'ils soient mis en ligne, peut à tout moment recevoir une assignation en justice».
- La chasse aux sites de presse
Le gouvernement n’est pas fan des sites des journaux. Pour Nicolas Sarkozy, c’est simple: la crise de la presse écrite est la faute d’Internet, comme il l’a lancé le 27 mai («le problème d'Internet est considérable, parce que comment voulez-vous que les gens achètent leurs journaux en kiosque s'ils sont gratuits sur Internet?»). Et son conseiller Franck Louvrier en a rajouté une couche: la course à l’audience des sites web des journaux «fait primer le commentaire sur l’explication et le scoop sensationnel sur l’information vérifiée», laissant voir, selon lui, «des écarts étonnants entre la qualité des journaux papier et celle des sites Internet du même nom.»
La faute au fait que le Président est l’une des cibles préférées du Net (l’affaire du SMS a été publiée sur le site du Nouvel Obs et la vidéo «Casse-toi pauvre con» sur le site du Parisien)?
- La chasse à la neutralité
Actuellement, Dailymotion ne peut pas payer pour avoir une bande passante plus rapide que celle de YouTube — cela permettrait aux vidéos d’apparaître plus vite — car les acteurs du Net respectent une sorte de «neutralité». Or ce principe pourrait voler en éclat si les opérateurs se mettent à donner plus ou moins de bande passante selon le prix mis sur la table. Même Google a pris la parole pour protéger la neutralité de la bande passante (« Nous avons pris pour acquis le fait que l’on pouvait innover sur les réseaux sans l’autorisation de quiconque — aucune entreprise de bande passante, ni aucun autre gardien de réseau n’a essayé de nous dire quoi faire»).
- La chasse aux sites illégaux
Nadine Morano et Michèle Alliot-Marie le veulent: que les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) bloquent l’accès aux sites pédophiles, puisque plus d’un tiers des 11-17 ans aurait déjà été confronté à des images choquantes. Problème: qui décidera qu’un site pédophile ou pas? Une mesure rationnelle, mais qui peut engendrer d’autres blocages si la technique de filtrage fonctionne (la loi anti-téléchargement prévoit d’ailleurs un blocage de sites qui hébergent des œuvres illégales). Problème pour les FAI: quand bien même elles seraient contre le filtrage, coûteux à mettre en place et pas forcément efficace, il leur est difficile de le dire sous peine de passer pour des pro-pédophiles.
Trouvez-vous que la liberté sur le Net se réduise? Donnez-nous des exemples ci-dessous...
Jeff Haynes AFP/Archives ¦ Une personne surfe sur internet
Alice Antheaume et Simon Taisne
20Minutes.fr, éditions du 18/06/2008 - 16h59
Je suis dégouté
