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Siu-lan Ko, une artiste chinoise, a été censurée pour une œuvre jugée trop provocatrice à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Son installation, composée de banderoles géantes, a été mise en place mercredi matin sur la façade de l’Ecole nationale supérieure des beaux-Arts de Paris qui donne sur le quai Malaquais. Elle a été retirée d’autorité pendant la journée. On pouvait y lire quatre mots: «travailler», «gagner», «plus», «moins». «Selon l’angle de vision, ce slogan de Sarkozy peut être vu différemment», explique l’artiste, qui a conçu et réalisé son œuvre à Pékin. «Ca peut être ’gagner moins, travailler plus’, ou ’gagner plus, travailler moins’, etc.»
Les Beaux-arts avaient donné sans ambiguïté leur accord à l’installation de cette œuvre, qui était prévue depuis le mois de janvier, selon l’artiste, qui exposait dans le cadre d’un projet artistique intitulé «Week-end de sept jours» réunissant des étudiants du programme de recherche La Seine, des étudiants de 3ème cycle du Royal College of Art de Londres, et de LASALLE College of the Arts de Singapour.
«Hier soir j’ai reçu un email du commissaire de l’exposition, Clare Carolin, une responsable du Royal art college de Londres. Elle m’explique que le directeur de l’Ecole, Henry-Claude Cousseau, a jugé mon œuvre trop provoquante pour être installée sur les quais de la Seine. Le directeur aurait aussi dit que l’œuvre gênait des personnalités du ministère de l’éducation, ce qui est malvenu car ce ministère doit bientôt décider du budget annuel du l’Ecole des beaux-Arts».
Bien que la commissaire de l’exposition se soit opposée à l’enlèvement de l’œuvre, et sans que l’artiste ait été consultée, la décision de décrocher les banderolles a été ordonnée dans l’après-midi de mercredi. Clare Carolin se dit «insultée» et dénonce une «censure». Henry-Claude Cousseau n’a pas encore pu être joint par Libération, mais la direction de l’Ecole justifie son geste en faisant passer Siu-lan Ko pour «une étudiante» et non pas une artiste…
Siu-lan Ko, 33 ans, qui vit entre Hong Kong et Pékin, est en réalité une artiste reconnue. Elle a participé à des expositions internationales dans de nombreux pays depuis 2003. Ko s’intéresse plus particulièrement au phénomène de la propagande et aux slogans (voir son site). Elle a récemment réalisé une installation en Chine. «Ne pensez pas trop», disait une de ses banderolles.
«Venant de Chine, je ne comprend pas cette censure brutale en France, et surtout dans l’une de ses écoles d’art les plus anciennes, qui est supposée encourager la liberté d’expression. Cela montre le degré de conservatisme du climat politique et le degré de peur de Sarkozy», proteste l’artiste, qui dit envisager un recours en justice si son œuvre n’est pas restaurée avant le vernissage de «Week-end de sept jours», prévu vendredi.
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