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Pour Sophie de Menthon, la décroissance évoque les mendiants...
La décroissance ? C'est follement sympathique ! Prenez Sophie de Menthon : pour elle, la décroissance, c'est un mendiant qui traîne à la gare de Lyon... Sur le plateau de l'émission d'Arte Paris-Berlin, où la présidente du syndicat patronale Ethic racontait son anecdote, le 19 novembre dernier, un léger malaise planait. «J'avais un euro et je lui donne et je lui dis : soyez gentils, montez-moi ma valise !, explique la patrone, avec un sourire amusé. Et j'ai trouvé ça magnifique : il m'a rendu mon euro et il m'a dit "je suis mendiant, je suis pas larbin !" Et j'ai trouvé ça extraordinaire, car ça ne pouvait arriver qu'en France !» Un vrai conte de Noël pour enfant sage du Medef !
Incroyable imbroglio, formidable mélange... mais surtout inquiétant révélateur de la vision du monde de madame de Menthon, qui considérait, en tendant une pièce au mendiant pour qu'il porte sa valise, rendre un «service». Et que dire de sa conception de la décroissance, qui reviendrait pour elle à la mendicité, sinon qu'elle relève d'un manque de curiosité, et probablement plus d'un mépris, tristement prévisible pour tout ce qui n'est pas du «bon système».
L'article du journal La décroissance, qui relevait cette perle, précisait que Sophie de Menthon se déclare «très fière d'avoir délocalisé ses centres d'appel». Dans son imaginaire de «patrons sympas» et «d'entreprise heureuse», les clochards qui crèvent sous nos ponts et les alters qui critiquent la Bourse relèvent du même folklore que les vitrines animées des Grands magasins du boulevard Haussmann, qui s'illuminent avec les fêtes. A la seule différence que, de toute évidence, Sophie de Menthon n'a jamais poussé la porte d'une réunion sur la décroissance...
Et la suite 3 jours plus tard :
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De Menthon et le «pessimisme français qui privilégie l'assistance»
Suite à notre article sur une intervention de Sophie de Menthon, la présidente du syndicat patronal Ethic nous a fait parvenir une réponse : elle persiste à soutenir que le comportement d'un mendiant croisé ans une gare refusant une pièce pour porter sa valise relève d'un archaïsme français, privilégiant l'assistance au volontarisme.
C’est de plus en plus inquiétant que le buzz médiatique soit fait de petites séquences détournées de leur contexte !
Je persiste et signe sur une anecdote que j’ai racontée sur « Arte » dans l’émission « Paris-Berlin » pour illustrer un certain état d’esprit Français et un rapport malsain au « service ». Relent de la lutte des classes ?
Pour mémoire :
"un jour à la « Gare » de Lyon très chargée de bagages, je m’arrête sur la quai, un « mendiant » me tend la main, je lui donne une pièce et je lui demande en même temps s’il peut me rendre le service de monter ma valise dans le train ? La réponse m’a à la fois amusée et interpellée. L’homme refuse alors ma pièce et me lance : « Je suis mendiant, pas larbin !».
Il y a un véritable ancrage historique à cette réaction ! « Larbin » d’abord synonyme de domesticité, de lutte des classes, un vestige de la révolution française ! Et il est moins « honteux » dans la tête de cet homme de mendier sans rien proposer, que de porter une valise (même pour une femme !).
Cela voulait dire implicitement, aussi, qu’il n’y avait aucun désir de « gagner » ce maigre « pourboire », encore un mot à consonance méprisante, pourtant dans les restaurants et les hôtels, les taxis, les théâtres, les cinémas… On les réclame !!!
Dans mon esprit au contraire, c’était une reconnaissance et un respect de la personne qui était en face de moi que de lui demander un service en contrepartie ; c’était lui faire comprendre qu’il n’était pas simplement quelqu’un qui tendait la main. Il y avait de ma part le sentiment que tout minuscule travail mérite un dédommagement. Ç’aurait pu être également l’occasion de lui faire prendre conscience qu’un travail pouvait être possible…
Au lieu de cela, il y a dans de vives réactions négatives envers moi que j’ai pu lire, une volonté de classer d’un côté la bourgeoise méprisante et de l’autre le mendiant forcément sympathique, forcément victime, et forcément condamné à le rester.
C’est cet état d’esprit qui est désespérant : Ne reflète-t-il pas un pessimisme français qui privilégie l’assistance à toute autre démarche ?"
Source :
Et le pire c'est qu'elle insiste. <_<