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Deux ans après son arrivée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy admet des erreurs dans son style présidentiel, qualifié de "bling bling" par ses détracteurs, et assure être devenu "avec l'âge plus tolérant, plus ouvert et plus serein".
Dans une interview au Nouvel Observateur, le chef de l'Etat s'efforce de polir sa nouvelle image de président moins flamboyant et plus consensuel, qu'il a voulu imprimer dans son discours devant le Congrès à Versailles.
Récemment L'Express avait annoncé une "révolution culturelle" du président. Un long article où on le montrait, peut-être sous l'influence de Carla Bruni, se mettre à savourer "Mort à Venise" et à s'intéresser davantage à l'art.
Une nouvelle image et une hauteur présidentielle qui semblent plutôt lui réussir, puisque, même s'il reste majoritairement impopulaire (51% de mauvaises opinions contre 45% de bonnes), sa cote est remontée de deux points en juin, selon un dernier sondage BVA.
"L'ommi-président" fait cette fois une confession inhabituelle à un journal qui ordinairement le ménage peu.
Nicolas Sarkozy y fait son mea culpa : "J'ai commis des erreurs. Est-ce que tout ce qui m'est reproché l'est injustement ? Non. Il faut un temps (...) pour se hisser à la hauteur d'une charge qui est, croyez-moi, proprement inhumaine".
Parmi les critiques, il n'élude pas celles sur son côté "bling bling", comme la fameuse soirée au Fouquet's le soir de son élection et ses amitiés avec les grands patrons. "Je n'avais pas attaché à cette soirée une importance considérable. J'ai eu tort. En tout état de cause, à partir du moment où quelque chose n'est pas compris et fait polémique, c'est une erreur. Et si erreur il y a, ce n'est pas la peine de la recommencer".
Il dit aussi avoir réalisé que "la retenue et la transparence" sont exigées désormais du président de la République. Tout en rappelant avec une pointe de malice qu'on n'avait pas la même exigence à l'égard de François Mitterrand.
Autre auto-défense en forme de pique en direction de l'ère Mitterrand, il se défend de recourir au "fait du prince" : "Je ne pourrai plus nommer aujourd'hui, comme l'avait fait François Mitterrand, mon directeur de cabinet à la tête d'EDF. C'est la fin du fait du prince", assure-t-il, sans faire mention de la nomination de son secrétaire général adjoint François Pérol à la tête de l'ensemble Caisse d'Epargne-Banque populaire.
Nicolas Sarkozy s'explique aussi sur ses discours sur la "rupture". "Ai-je jamais proposé d'être en rupture avec la République?", se défend-il. Il admet avoir pu avoir des "expressions qui ont suscité la polémique".
"Jamais il ne faut se raidir, jamais il ne faut se bunkériser, jamais il ne faut détester", ajoute le chef de l'Etat.
Face aux "centaines de livres, d'articles" qui l'attaquent, il affirme "n'avoir jamais réagi", "quoique j'en pense". Néanmoins, M. Sarkozy a plusieurs fois saisi la justice pour des atteintes à son image (une publicité, une poupée vaudou à son effigie...).
Selon Frédéric Dabi, directeur du département d'opinion publique de l'Ifop, Nicolas Sarkozy a déjà déclaré par le passé avoir changé et reconnu des erreurs, notamment avant son élection.
"Cette stratégie vise à apparaître moins comme un président dans le champ partisan mais comme un président qui reprend de la hauteur. Et les Français apprécient qu'un homme politique reconnaisse ses erreurs", observe M. Dabi.
Mais le politologue considère que l'impact de ce nouveau langage restera faible : "Ce n'est pas le coeur des attentes des Français" qui attendent d'abord l'Elysée et Matignon sur les mesures face à la crise.
Alors Sarko aurait changé !? mdr