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Consciencieuse, réservée, Christine Albanel va devoir quitter le ministère de la Culture, peut-être du fait d'un certain manque de charisme, sans doute en raison des tribulations de la loi Hadopi mais surtout parce que son successeur est une prise de choix pour Nicolas Sarkozy.
Mardi matin, peu avant que l'on apprenne que Frédéric Mitterrand avait annoncé à ses collaborateurs de la Villa Médicis sa nomination rue de Valois, Christine Albanel avait laissé percer sa tristesse en marge d'un point de presse sur le livre.
"Je peux dire que j'ai fait vraiment de mon mieux depuis deux ans. Tout m'a passionné. Maintenant tout va être la décision du président de la République", a déclaré l'ancienne "plume" de Jacques Chirac, d'habitude souriante. "Cela aura été de toute façon un honneur d'être ici, d'assumer ces responsabilités", a-t-elle ajouté en réponse à des questions de journalistes sur le remaniement imminent.
A deux jours de son anniversaire - elle aura 54 ans jeudi -, la ministre de la Culture et de la Communication va devoir rendre son tablier alors que le volet sanction de la loi Hadopi contre le téléchargement illégal est prêt à être présenté en Conseil des ministres.
Le texte Hadopi, sur lequel Nicolas Sarkozy entend "aller jusqu'au bout", connaît un parcours pour le moins chaotique depuis des mois.
Transcription législative des Accords de l'Elysée de novembre 2007 mais très critiqué car il prévoit la suspension de l'accès à internet, ce texte a été rejeté par surprise en avril par les députés. Finalement adopté en mai, le projet de loi a été en partie censuré le 10 juin par le Conseil constitutionnel. La ministre a dû alors rédiger très vite un texte complémentaire sur le volet sanction.
Face à un Nicolas Sarkozy "omniprésident", la ministre a dû parfois faire bon visage. A commencer le 8 janvier 2008 lorsqu'à la surprise générale, le chef de l'Etat annonce la mise en chantier de la réforme de l'audiovisuel public avec pour mesure phare la suppression de la publicité. Ni consultée, ni avertie de cette décision, elle a défendu avec ardeur le projet de loi devant le Parlement.
Autre pilule un peu amère pour la ministre: l'annonce le 13 janvier par Nicolas Sarkozy de la création d'un Conseil pour la création artistique, présidé par lui-même et animé par le producteur de cinéma Marin Karmitz. Certains y voient alors une façon de contourner la Rue de Valois.
Christine Albanel n'aura pas pu mener à son terme la réforme du spectacle vivant subventionné par l'Etat, engagée en février 2008 dans le cadre des Entretiens de Valois, en compagnie des professionnels et des collectivités territoriales. Malgré la promesse d'un dégel des crédits 2009, la ministre n'a pas réussi à rassurer la profession, inquiète d'un éventuel désengagement de l'Etat.
Ancienne présidente du musée et du domaine national de Versailles, la ministre est parvenue en revanche à obtenir un effort budgétaire accru pour le patrimoine. Elle a préféré opter pour une gratuité ciblée des musées, réservée aux jeunes de moins de 26 ans.
Elle est restée ferme sur le principe de l'"inaliénabilité" des collections publiques, en vertu duquel les musées ne sont pas autorisés à se séparer de leurs oeuvres, alors que Nicolas Sarkozy lui avait demandé de se pencher sur la question.
Concernant son avenir, elle pourrait se voir confier la Villa Médicis, que Frédéric Mitterrand, neveu de l'ancien président François Mitterrand, vient de laisser, avancent des sources à l'UMP. Un "switch", en somme.
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