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Une dizaine d'Etats américains examinent actuellement des projets de loi pour abolir la peine de mort qui grève leurs budgets en pleine crise économique. "Il est inhabituel de voir une telle floraison d'activité législative sur la peine de mort", explique Steve Hall, qui dirige l'organisation abolitionniste Standdown. Les Etats concernés ont le plus souvent mis à mort depuis trente ans un nombre de condamnés se comptant sur les doigts d'une seule main, mais il s'agit néanmoins d'une "tendance nationale", estime M. Hall.
Ainsi le Montana, dont le Sénat a aboli la peine de mort, a-t-il exécuté trois personnes depuis 1976 et son couloir de la mort accueille aujourd'hui deux condamnés, selon le Centre d'informations sur la peine de mort (DPIC). Le texte adopté lundi doit être discuté par la Chambre des représentants de cet Etat du nord-ouest des Etats-Unis.
Au Kansas où aucune exécution n'est intervenue depuis 1976 mais où neuf hommes croupissent dans le couloir de la mort, l'aspect financier prime sur toute considération judiciaire. Une élue républicaine, Caroline McGinn, a introduit une proposition de loi interdisant toute condamnation à mort à partir du 1er juillet afin de combler le déficit de l'Etat.
C'est aussi ce sur quoi s'appuient les élus du Nouveau-Mexique qui espèrent voir une loi passer cette année, maintenant que leur gouverneur, Bill Richardson, n'est plus candidat à des fonctions nationales. Selon les observateurs, le bénéfice d'une abolition dans cet Etat qui a procédé à une seule exécution depuis trente ans et compte deux personnes dans son couloir de la mort serait de plus d'un million de dollars. Les élus du Nebraska et du New Hampshire examinent également des lois abolitionnistes tandis que l'Oklahoma et l'Utah envisagent de la limiter. Quant au Maryland (5 exécutions depuis 1976), il semble l'un des plus proches du but, puisque son gouverneur, Martin O'Malley, s'est prononcé en faveur de l'abolition.
"La question du coût est résolument une de celle que les législateurs étudient à cause de la sérieuse récession économique (...), ils cherchent des moyens de réduire les dépenses et de se sortir du déficit", analyse Steve Hall. La condamnation à mort coûte en effet parfois jusqu'à dix fois plus cher que la condamnation à la prison à vie. Outre un procès plus complexe et plus long, les procédures d'appel durent des années et, la plupart du temps, les condamnés sont défendus par des avocats payés par l'Etat. Entretenir un couloir et une chambre de la mort est aussi plus onéreux en termes de surveillance notamment.
Les Constitutions de 36 Etats américains sur 50 acceptent la peine de mort, réautorisée par la Cour suprême en 1976.
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