Encore des gendarmes au collège, dans le Gers: "Elle n'a pas de hasch, mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier"
Par La rédaction du Post
le 02/12/2008,
Selon 20 Minutes, depuis janvier 2008, 25 établissements scolaires ont été contrôlés dans le Gers.
- Le 17 novembre, une intervention de gendarmes dans un Centre pour apprentis a révolté un professeur choqué par les méthodes des militaires.
- Le 19 novembre, c'est cette fois-ci au collège de Marciac que des gendarmes ont effectué une opération.
Dans les deux cas , les gendarmes étaient à la recherche de stupéfiants, soulignent les directeurs d'établissements et les forces de l'ordre qui ne voient pas, dans ces opérations, de raison particulière de crier au scandale.

Le père de Zoé, Marciac (Gers).
Frédéric David, le père de Zoé, collégienne, dénonce pourtant la fouille de sa fille: "Nous n’avions pas été prévenus par le principal", dit-il à 20minutes.fr. Se disant soutenu par d'autres parents, il lance un appel à mobilisation vendredi.
"En plus du père de Zoé, deux autres parents d'élèves de la même classe m'ont contactés" dit ce mardi au Post le responsable FCPE du Gers Pierre-Yves Sarrat, ajoutant que "ces deux familles confirment les propos de Zoé et dénoncent des méthodes inacceptables."
Zoé, 14 ans, raconte une opération qu'il l'a choquée, dans une lettre écrite sur suggestion de son père, qui l'a transmise à un blog d'info locale en Armagnac:
"Il nous l’avait dit, le CPE [Conseiller Principal d'Education], que des gendarmes allaient venir nous faire une prévention pour les 4ème et les 3ème.
Ce mercredi-là (19/11/2008), toutes les classes sont entrées en cours comme à leur habitude, en suivant les profs.
A peine 10 minutes plus tard - nous étions assis-, deux gendarmes faisaient déjà le tour de la salle où nous étions. La prof avec qui nous étions, les regardait en nous disant "Ils font leur ronde!??" . Elle n’était a priori au courant de rien, bien sûr. Soudain, la porte s’est ouverte, laissant entrer deux gendarmes… Enfin non, pas exactement!!! Il y avait un monsieur chauve habillé en militaire ( le dresseur de chien en fait!) et un gendarme très gros.
Le chauve nous a dit: "Nous allons faire entrer un chien! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas! Quand il mord, ça pique!". Enfin il a dit ça, à peu près… Je me rappelle surtout du "Quand il mord, ça pique!"."
"Après, il est sorti deux minutes et est revenu avec deux autres gendarmes et le chien. Les gendarmes se sont placés aux deux extrémités de la classe tandis que le dresseur regardait son chien déjà à l’œuvre. Le chien s’appelait Bigo. Bigo s’est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et arrachant tout ce qui dépassait. Quand à la prof, elle restait derrière son bureau bouche bée.
Le chien s’est attaqué au sac de mon amie, à coté de moi. Le dresseur a claqué des doigts en disant: « Sortez mademoiselle, avec toutes vos affaires! » Elle a rangé son sac, s’est levée et s’est apprêtée à sortir mais le dresseur l’a repris vite: « Et ton manteau! » Elle a rougi et emporté aussi son blouson."
"Plusieurs personnes de la classe sont ainsi sorties. Le chien vient alors sentir mon sac. Voyant que le chien ne scotchait pas, que rien ne le retenait là, le dresseur lui a fait sentir mon corps avant de s’empresser de me faire sortir. Dehors m’attendait une petite troupe de gendarmes… Enfin, non, pas dehors: nous étions entre deux salles de classe.
Me voyant arriver, ils se dépêchèrent de finir de fouiller une autre fille. Mon amie était déjà retournée dans la classe. Quand ils eurent fini, ils s’emparèrent de mon sac et le vidèrent sur le sol. Un gendarme me fit vider les poches du devant de mon sac. Il vérifia après moi. Je n’étais pas la seule élève. Avec moi, il y avait une autre fille qui se faisait fouiller les poches par une gendarme.
Ils étaient deux gendarmes hommes à la regarder faire. Le Gendarme qui fouillait mon sac vida ma trousse, dévissa mes stylos, mes surligneurs et cherchait dans mes doublures.
La fille qui était là fouillée elle aussi, se fit interroger sur les personnes qui l’entouraient chez elle. Elle assurait que personne ne fumait dans son entourage. Ils la firent rentrer en classe."
"C’était à mon tour! La fouilleuse me fit enlever mon sweat sous le regard des deux autres gendarmes…
Je décris: un gendarme à terre disséquait mes stylos, un autre le surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait et le reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste, elle me fit enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de pantalon. Elle cherche dans mes chaussettes et mes chaussures. Le gars qui nous regardait, dit à l’intention de l’autre gendarme: « On dirait qu’elle n’a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier! On ne sait jamais… » Ils ont souri et la fouilleuse chercha de plus belle! Elle cherche dans les replis de mon pantalon, dans les doublures de mon tee shirt sans bien sûr rien trouver. Elle fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte! Les gendarmes n’exprimèrent aucune surprise face à ce geste mais ce ne fut pas mon cas!!!!!!"
"Je dis à l’intention de tous « C’est bon arrêtez, je n’ai rien!!!! »
La fouilleuse s’est arrêtée, j’ai remis mon sweat et mon fouilleur de sac m’a dit: «Tu peux ranger!». J’ai rebouché mes stylos et remis le tout dans mon sac et suis repartie en classe après avoir donné le nom du village où j’habite.(...)"
Zoé"
Le principal du collège, Christian Pethieu, relativise. Il explique à La Dépêche, : "Le contrôle s'est fait dans quatre classes et n'a pas semblé susciter une émotion extraordinaire. Il y a une procédure qui, à mon sens, a été respectée. Je n'ai pas senti de climat particulier de tension."
Le colonel du groupement du gendarmerie du Gers, interrogé 20 Minutes, précise qu'"on fait tout un scandale sur une affaire qui est un non-évenement", tandis que la brigade de Mirande précise à Rue 89 que l'"on trouve quasi-systématiquement quelque chose". A l'Ecole des métiers du Gers, ils ont, selon le site, trouvé 32 grammes de cannabis et rien au collège de Marciac.

Collège de Marciac (Gers).
Pensez-vous ou non que de telles interventions au sein d'un établissement scolaire sont légitimes?
(Sources: 20 minutes, La Dépêche, Rue 89, Le Petit Journal de Nogaro, Le Post)