@nikko : Ah ben au moins ça fait avancer le débat, après on peut se demander pourquoi c'est pas tout le monde qui se serre la ceinture pareil...
Sinon, j'attire l'attention sur l'article de base sur la dette de wikipedia, ça permet de sortir des images tentantes de comparaison entre son banquier et un état.
Le piège c'est de considérer l'argent comme une valeur stable, ce qu'on perçoit à l'heure actuelle vu le taux d'inflation très bas. Il y a 50 ans, la perception n'était pas vraiment la même, avec des taux d'inflation à 2 chiffres. L'image de se pointer chez le banquier et de revenir lui faire un bras d'honneur quand il exige des intérêts, elle était à peu près valable il y a 50 ans

. Emprunter faisait effectivement gagner de l'argent, mais pas de l'argent constant : la hausse des salaires faisait plus que compenser le coût de l'emprunt, ce qui fait qu'on était plus riche en convertissant le fric en valeur une fois l'emprunt remboursé que si on avait laissé le fric dormir. Aujourd'hui c'est pile le contraire : tu consommes plus de richesses en claquant tout tout de suite qu'en empruntant du fric pour le convertir en biens

. C'est pas pour rien que les retraités actuels pouvaient se payer la barraque que leurs petits fils peuvent toujours rêver d'acheter quand ils grattent leur TacOTac. Et de fait, quand tu vas emprunter du blé c'est plus ton banquier qui à tendance à te rigoler au nez.
L'inflation et le taux d'emprunt c'est fondamental. C'est le rapport entre la dévaluation progressive de la monnaie et l'intérêt de l'emprunt qui décide si la dette a tendance à croître ou diminuer. Contrairement à un quidam moyen, l'état a le pouvoir de créer de la monnaie, c'est un mécanisme qui peut servir de régulateur dans certaines théorie économiques - celle de Keynes en particulier (hum - quoique, vu le volume d'échange directs en actions qui devient une pratique courante, on commence à être un peu mal pour réguler l'inflation quand on est un Etat, mais c'est une autre histoire

). Manque de pot, depuis 25 ans une autre théorie qui prône la stabilité monétaire s'est imposée (la-théorie-économique-qu'il-ne-faut-pas-nommer), et c'est pas un hasard si la montée en flèche de la dette remonte précisément à 25 ans. J'ai essayé de trouver deux courbes comparables d'inflation et d'endettement sur la période 1945-2005, mais pas moyen de choper ça sur le ouèbe. Pourtant c'est instructif à comparer.
Amusant d'ailleurs, sur le site de l'agence française qui gère la dette, les stats ne remontent même pas à 1980

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Grosso modo il y a un choix entre libérer l'inflation et rembourser la dette (pendant les 30 glorieuses, période où l'Europe a dû emprunter massivement aux USA pour reconstruire le gâchis colossal de la 2eme guerre mondiale, argent que les USA ont perdu en échange d'une influence géopolitique), et profiter de sa position de supériorité économique - et militaire si besoin est - pour imposer aux moins riches de payer cher l'argent qu'on leur prête (à partir de 1971, fin de la convertibilité du dollar en or, puis 1980, fin de la reconstruction).
basse inflation -> fort coût de l'emprunt -> croissance de la dette (l'emprunt profite aux prêteurs)
haute inflation -> emprunter fait gagner de l'argent -> diminution de la dette (l'emprunt profite aux emprunteurs)
vouloir 2% d'inflation et pas de dette, ça revient à faire porter sur ceux qui empruntent l'intégralité du coût de l'emprunt moins les 2% d'inflation. Après on peut voir ce que coûte d'emprunter, et à qui (dans les 30% à un couillon pauvre style Sudaméricain ou Africain, et à un Européen, combien ? 10% ? 15% ? chais plus exactement, m'enfin nettement plus que zéro, ça c'est certain), puis corréler avec la puissance économique - ou militaire si le baratin s'avère insuffisant.
Enfin bon ça c'est le point de vue gauchiste carricatural. Surtout que franchement l'inflation à 2 chiffres n'a pas non plus que des avantages, et qu'il y a quand même d'autres trucs à prendre en compte.
Suivant ses convictions, on peut juger que c'est une bonne ou une mauvaise chose, mais en tous cas je pense que réfléchir sur ce mécanisme permet d'éviter de tomber dans certains pièges démagos assez grossiers, comme par exemple des analyses économiques qui commencent par "l'infaltion et la croissance se maintiennent bien, mais malheureusement la dette devient scandaleuse, encore un petit effort pour supprimer la dette et tout sera parfait"

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Ca revient à confondre un choix politique néo-libé... Aaaargh je l'ai dit - avec la "réalité".
Ah et puis je ne résiste pas à détourner l'argument sur "revenez voir dans 30-40 ans" (mais c'est de la provoc, je l'admets volontiers) : à vrai dire ceux qui disent très exactement ça, ce sont les fonds de pension, quand ils te promettent le pactole après 30 ou 40 ans passés à bosser pour rembourser la dette du méchant Etat

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