Palindromes (2004) - Todd Solondz
Film où l'on suit les péripéties d'une adolescente, Aviva [remarquez le prénom palindromique, pas mal, hein ?], qui veut à tout prix avoir un rejeton pour pas finir comme Dawn.
Comme quoi la féminité ne peut s'accomplir que dans la maternité... (ça t'en bouche un coin, hein, Badinter ?)
Grosse déception pour ce film de Solondz, réalisateur que j'avais apprécié il y a moultes années par
Bienvenue dans l'âge ingrat, j'aime bien ses réflexions sur l'adolescence, mais là ça me dépasse.
Franchement, quand on pisse un film comme ça, faut songer à viser moins fort le violon.
Le film ne réussit sur aucun plan, ni sur le plan dramatique, ni sur le plan humoristique et encore moins critique. Sans parler du narratif.
Comme Todd il est très créatif il a eu la remarquable idée de représenter son personnage par plusieurs actrices [dont un garçon], c'est peut-être très bien, mais présentement inadequat à mon humble avis.
Par contre il échoue remarquablement sur la plage de la platitude [la métaphore de ouf].
Tu as 12 ans, tu veux avoir un gosse. Tu te trouves un jeune consentant, Judah. Tu tombes enceinte. Tes parents te font avorter, les salauds !
Tu pleures toutes les larmes de ton corps, tu fugues. Tu te trouves un routier consentant, il te baise !
Et attention, procédé d'une perversité absolue pour réveiller l'émotion du spectateur :
[Voir le message caché (spoiler)]
De toute évidence le routier a préféré emprunter l'issue de secours, l'anus donc, alors la jeune demoiselle en toute innocence demande :
Est-ce que je risque de tomber enceinte même si c'est pas le bon trou ? [elle dit ça joliment, mais l'idée est là].
Mais c'est que c'est des salauds ces pédophiles, profiter ainsi de l'innocence d'une enfant en état de précarité affective.
Cette scène se déroule sur un fond de musique très joyeuse, j'imagine que Todd voulait nous faire ressentir le paradoxe du rire noir.
Notre héroïne se retrouve après, abandonnée à son sort, au bord d'une rivière qu'elle a traversé sur un canard géant en plastique, allégorie d'un truc de feu de fou que seuls les gens très intelligents peuvent comprendre [dont maggle of course].
Elle est recueillie par Peter Paul et sa bande de joyeux lurons... handicapés... qui ont vu la lumière du Christ...
Là, il y a un retournement de situation, notre brave routier il est pote avec les cathos !
Alors la fillette va le retrouver, mais lui il ne veut pas d'elle, tu es bien trop jeune. Mais elle insiste, il cède, ils vont alors s'accoupler comme des foies ronds en lard.
[Voir le message caché (spoiler)]
Et là, on trouve l'excuse parfaite pour trouver une pré-chute sans queue ni tête complètement ridicule.
Je résume : Routier tuer médecin qui avoir pratiqué avortement. Police tuer routier.
Petit détail attendrissant, ils s'avouent leurs vrais prénoms avant la mort de Bob [le routier], accessoirement elle lui demande de lui dérider les fesses derechef.
De retour à la maison, on va fêter l'anniversaire de l'héroïne, là ça tourne carrément à la philosophie, on apprend que le monde va mal, que les ressources naturelles s'épuisent, que l'homme est condamné à subir le destin qu'il porte dans ses gènes, enfin tu vois, le genre des phrases destinées à devenir cultes, j'en ai retenu une particulièrement cocasse :
- Je ne suis pas pédophile.
- Je te crois. Les pédophiles aiment les enfants. *silence*
C'est drôle, non ?
Je ne vous raconte pas la fin, si vous savez ce que c'est qu'un palindrome vous la connaissez déjà.
Plus sérieusement, ce qui me consterne le plus dans ce film c'est qu'il n'y a même pas un soupçon de second degré, d'ironie ou de cynisme.
Je pense vraiment que c'est du premier degré pur et dur. Si ça fait éjaculer le cerveau de certains, tant mieux.
Peut-être n'ai-je rien compris à ce film ? Peut-être que si j'étais une fille j'aurais mieux cerné la chose ?
Je n'exclus pas l'idée d'un festival de métaphores et d'allégories qui m'échappent, si quelqu'un est d'un autre avis je suis tout ouïe.
Le film a quand même un point positif : une très belle scène au début du film, lorsque Aviva s'apprête à subir
l'opération.
Mais ça ne reste qu'un plan sur mille, et il ne réussit pas à sauver le film du tourbillon d'ennui et de manichéisme qui l'emporte...