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Le Musée de La Monnaie de Paris présente jusqu'au 13 mars une exposition des oeuvres des dessinateurs Miyazaki et Moebius. Les univers respectifs du Japonais et du Français se prêtent bien au jeu de la comparaison, toutefois, un nombre d'oeuvres un peu plus conséquent n'aurait pas été de refus.
Hayao Miyazaki et Jean Giraud, alias Moebius, qui se vouent un respect mutuel, sont ici mis en parallèle afin de mettre en relief les préoccupations communes ressortant de leurs ½uvres. Dès la première salle, un petit texte en frise rappelle les dates importantes de la vie de Miyazaki. Il naît à Tokyo le 5 janvier 1941. Il entre à la Toei, maison d'animation très connue au Japon dont sortent des dessins animés très populaires tel Heidi (1974) auquel a d'ailleurs participé Miyazaki. Il fonde les Studios Ghibli (mot italien désignant un vent du désert) avec son compère Isao Takahata en 1984, grâce au succès de l'adaptation de sa bande dessinée Nausicaä de la Vallée du vent (film qui sera la première rencontre de Moebius avec l'½uvre de Miyazaki). C'est alors un enchaînement de succès pour ses films d'animations tels que Le Voyage de Chihiro (2001), Princesse Mononoke (1997), Mon voisin Totoro (1988) ou Le Château ambulant (2003), dernier né des Studios Ghibli.
Une autre frise présente les dates à retenir du parcours de Moebius. En effet, Jean Giraud naît le 8 mai 1938 et vivra le début de sa vie dans la banlieue parisienne. Il aura une formation de deux années aux Arts Appliqués. En 1963, il fait la rencontre de Jean-Michel Charlier, scénariste et rédacteur en chef des Editions Dargaud. Ils entament ensemble alors Les [célèbres] Aventures du Lieutenant Blueberry. Son film Arzak, sorti en 1976, constitue pour Miyazaki qui ne le voit qu'en 1980, une véritable révélation. Une autre rencontre sera décisive pour Moebius, celle avec Alexandre Jodorowsky. Celle-ci marquera définitivement un tournant dans la carrière de Moebius qui fera la connaissance du Septième Art. Il participera notamment au storyboard du projet avorté de l'adaptation de Dune par Jodorowsky, et des Maîtres du Temps de René Laloux (1981), aux costumes d'Alien (Ridley Scott, 1979) et du film Walt Disney Tron (1982).
Une exposition organisée de manière très logique
L'exposition n'est pas très longue. Une première pièce promène le visiteur dans une sorte de rotonde qui présente les ½uvres de Miyazaki puis, celle de Moebius. On y voit des dessins de conception, des productions d'animation, des affiches japonaises, des celluloïds de décors ainsi que des extraits de storyboards. Cette première partie n'est pas très originale, c'est-à-dire que les dessins qui y sont montrés sont simplement des extraits des films d'animation pour Miyazaki et des dessins connus de Moebius. En revanche, quatre téléviseurs passent des reportages. Si l'on daigne y passer du temps, ce sont eux qui nous en apprennent le plus sur l'univers des artistes.
L'exposition continue par une enfilade de petites salles dans lesquelles les spécificités des univers des artistes sont comparées. Quatre dessins jouent un grand rôle dans la compréhension de l'influence que chacun a eu sur l'autre. Un dessin référence de chaque artiste est exposé et sa copie faite par l'autre dessinateur à sa suite. C'est cet hommage que se font ces deux grands dessinateurs qui nous montre quelle est l'importance, pour des artistes comme eux, de puiser des sources d'idées ou d'admiration dans le travail de confrères. La page référence pour Moebius est bien entendu une page de Nausicaä (nom qu'il donnera plus tard à sa fille), et celle pour Miyazaki est un dessin tiré d'Arzak dans lequel il apprécie tout particulièrement la perception de l'espace.
Des imaginaires inconsciemment si proches
L'exposition s'efforce de montrer au visiteur les thèmes communs aux deux hommes chez qui on peut relever une préoccupation écologique, un art de l'espace, une perception des mondes invisibles et un goût pour les créatures fantastiques. Ces thèmes sont la démonstration d'une absence de manichéisme à la fois chez Miyazaki, dont une citation témoigne de son intérêt pour les mondes invisibles - « Bien sûr que je crois à d'autres mondes que le nôtre ! S'ils n'existaient pas, ce ne serait pas intéressant de vivre. » - et chez Moebius, dont la citation choisie pour l'occasion souligne l'importance des vaisseaux spatiaux, métaphore de la conscience humaine : « Les vaisseaux ont la forme de notre conscience. Notre conscience est un vaisseau qui voyage sous mille aspects à travers mille vies. La forme de notre conscience est la danse du monde et le chant du ciel. »
C'est avec le dernier téléviseur, placé à la toute fin de l'exposition, que l'évidence même nous frappe ! Celui-ci nous montre des images, en alternance, des différents films des deux hommes, mises en scène avec un fond sonore, dont un extrait du tour de chant de la Diva du Cinquième Elément de Luc Besson (1997). Le spectateur met alors tout en relation et assiste à l'évolution de l'imaginaire de chaque dessinateur ; comme si chaque étape franchie par l'un, avait été franchie au même moment par l'autre.
Juliette Michaux
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) ce serait sûrement plus sympa en groupe... les deux dates proposées me vont très bien.
