Citation
Club Dorothée le retour
Il pluviotait, un sale petit temps gris et moche d'autant plus navrant que je venais de passer une semaine superbe à me gaver d'huîtres au soleil de Ré, l'île.
J'allume la radio. Une mauvaise liaison satellitaire et je me retrouve sur Europe 1 dans l'émission de Morandini. Il discute d'une nouvelle série sur une chaîne de la TNT dont j'ignore tout, pourtant je connais la voix de l'interlocuteur. Brusquement ça fait tilt ! J'ai bossé dix ans avec cette voix-là… C'est celle du A de AB. Azoulay ! Je ne me suis pas trompé Morandini lui dit : " Jean-Luc Azoulay, on parle beaucoup d'un retour de Dorothée et de son équipe sur une chaîne de télé, alors ? Info ou intox ? ", et Jean-Luc de répondre : " C'est tout à fait vrai. Dorothée va présenter à nouveau le Club Dorothée avec ses anciens partenaires, Ariane, Jacky, Patrick ". Il s'arrête là et je me dis qu'il a bien fait de ne pas avoir donné mon nom. Voilà dix ans que je dis partout que je ne regrette pas d'avoir participé à ces émissions destinées à la jeunesse, mais que je ne le referai pas, il a été bien avisé le Jean-Luc en ne me citant pas.
Ça, c'était le lundi 24 septembre.
Mercredi 26 septembre, je reçois un coup de fil de Jean-Luc qui me dit en substance : " Que dirais-tu de refaire avec tous les autres, qui ont accepté ma proposition, le Club Dorothée ? " … J'aime beaucoup Jean-Luc, et il le sait bien, parce que outre le fait qu'il regorge d'idées plus délirantes les unes que les autres, il est toujours prêt à tenter des trucs, et ses réussites sont multiples. Dorothée et toutes les chansons c'est lui, le Club Dorothée c'est lui, les génériques chantés par Minet c'est lui, les chansons d'Hélène c'est lui, les Musclés c'est lui, et toutes les sitcoms d'AB c'est lui aussi. Autant le dire, ce n'est pas un fainéant, et ce ne sont pas les idées qui lui font défaut. Je n'ai pas toujours été d'accord avec sa façon de faire, mais c'est loin d'être un sot. Je lui réponds : " Jean-Luc, je suis à demi-chauve, édenté, sourd de l'oreille droite, j'ai du bide, je traîne la patte, j'aurais 63 ans le mois prochain et franchement, je ne vois pas bien comment je pourrais séduire les gamins d'aujourd'hui avec une tronche pareille ! " Il me répond : " Mais justement c'est ça qui est drôle ! Dix ans après, les garçons seront devenus moches mais pas les filles toujours jeunes et jolies ! Qu'en dis-tu ? C'est marrant non ? " Je m'entends lui dire, " Vu comme ça… oui, mais il faudrait tout de même qu'on en parle, Jean-Luc " … " Passe au bureau, me dit-il, on a déménagé, on est maintenant rue machin toujours à la Plaine, et puis lundi c'est la réunion des Anciens Combattant du Club Dorothée tu es des nôtres ? " O.K. Jean-Luc ! Il raccroche. Pourquoi ne lui ai-je pas dit franchement " Oublie-moi, fais le Club sans moi, et restons amis " ?
Le soir même je ne parviens pas à m'endormir. Quand le sommeil vient, je me mets à cauchemarder. J'ai la pétoche. Je ne me sens pas du tout d'attaque pour refaire toutes ces dingueries que nous avons faites pendant toutes ces années. Je ne me vois pas à 63 ans recevoir encore des tartes à la crème sur le museau et des seaux d'eau sur la tête. Quand je me réveille, je suis mal de chez mal !
Voilà dix ans que je me bats pour faire entendre raison aux personnes que je contacte. Dix ans que j'écris et que je chante des chansons en supprimant de mon répertoire toutes ou presque toutes les références aux années télé. Dix ans que j'essaie de me prouver que je peux faire autre chose que le nez rouge et les grosses godasses. Je sais, j'ai compris, que si j'accepte de revenir à la télé avec mes amis, je suis fichu. Plus jamais je ne serais crédible. Alors pourquoi lui ai-je laissé entendre qu'il fallait qu'on en discute ? C'était presque une acceptation. Quel con je suis !
Il pluviotait, un sale petit temps gris et moche d'autant plus navrant que je venais de passer une semaine superbe à me gaver d'huîtres au soleil de Ré, l'île.
J'allume la radio. Une mauvaise liaison satellitaire et je me retrouve sur Europe 1 dans l'émission de Morandini. Il discute d'une nouvelle série sur une chaîne de la TNT dont j'ignore tout, pourtant je connais la voix de l'interlocuteur. Brusquement ça fait tilt ! J'ai bossé dix ans avec cette voix-là… C'est celle du A de AB. Azoulay ! Je ne me suis pas trompé Morandini lui dit : " Jean-Luc Azoulay, on parle beaucoup d'un retour de Dorothée et de son équipe sur une chaîne de télé, alors ? Info ou intox ? ", et Jean-Luc de répondre : " C'est tout à fait vrai. Dorothée va présenter à nouveau le Club Dorothée avec ses anciens partenaires, Ariane, Jacky, Patrick ". Il s'arrête là et je me dis qu'il a bien fait de ne pas avoir donné mon nom. Voilà dix ans que je dis partout que je ne regrette pas d'avoir participé à ces émissions destinées à la jeunesse, mais que je ne le referai pas, il a été bien avisé le Jean-Luc en ne me citant pas.
Ça, c'était le lundi 24 septembre.
Mercredi 26 septembre, je reçois un coup de fil de Jean-Luc qui me dit en substance : " Que dirais-tu de refaire avec tous les autres, qui ont accepté ma proposition, le Club Dorothée ? " … J'aime beaucoup Jean-Luc, et il le sait bien, parce que outre le fait qu'il regorge d'idées plus délirantes les unes que les autres, il est toujours prêt à tenter des trucs, et ses réussites sont multiples. Dorothée et toutes les chansons c'est lui, le Club Dorothée c'est lui, les génériques chantés par Minet c'est lui, les chansons d'Hélène c'est lui, les Musclés c'est lui, et toutes les sitcoms d'AB c'est lui aussi. Autant le dire, ce n'est pas un fainéant, et ce ne sont pas les idées qui lui font défaut. Je n'ai pas toujours été d'accord avec sa façon de faire, mais c'est loin d'être un sot. Je lui réponds : " Jean-Luc, je suis à demi-chauve, édenté, sourd de l'oreille droite, j'ai du bide, je traîne la patte, j'aurais 63 ans le mois prochain et franchement, je ne vois pas bien comment je pourrais séduire les gamins d'aujourd'hui avec une tronche pareille ! " Il me répond : " Mais justement c'est ça qui est drôle ! Dix ans après, les garçons seront devenus moches mais pas les filles toujours jeunes et jolies ! Qu'en dis-tu ? C'est marrant non ? " Je m'entends lui dire, " Vu comme ça… oui, mais il faudrait tout de même qu'on en parle, Jean-Luc " … " Passe au bureau, me dit-il, on a déménagé, on est maintenant rue machin toujours à la Plaine, et puis lundi c'est la réunion des Anciens Combattant du Club Dorothée tu es des nôtres ? " O.K. Jean-Luc ! Il raccroche. Pourquoi ne lui ai-je pas dit franchement " Oublie-moi, fais le Club sans moi, et restons amis " ?
Le soir même je ne parviens pas à m'endormir. Quand le sommeil vient, je me mets à cauchemarder. J'ai la pétoche. Je ne me sens pas du tout d'attaque pour refaire toutes ces dingueries que nous avons faites pendant toutes ces années. Je ne me vois pas à 63 ans recevoir encore des tartes à la crème sur le museau et des seaux d'eau sur la tête. Quand je me réveille, je suis mal de chez mal !
Voilà dix ans que je me bats pour faire entendre raison aux personnes que je contacte. Dix ans que j'écris et que je chante des chansons en supprimant de mon répertoire toutes ou presque toutes les références aux années télé. Dix ans que j'essaie de me prouver que je peux faire autre chose que le nez rouge et les grosses godasses. Je sais, j'ai compris, que si j'accepte de revenir à la télé avec mes amis, je suis fichu. Plus jamais je ne serais crédible. Alors pourquoi lui ai-je laissé entendre qu'il fallait qu'on en discute ? C'était presque une acceptation. Quel con je suis !
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Club Dorothée le retour suite et fin
Arrive le lundi. On a rendez-vous dans un magnifique restaurant de la Porte Maillot : Le Sud. Quand j'arrive Jean-Luc est là. Il y a déjà Dorothée, Jacky, Patrick et Gérard Salesses (le compositeur des tubes d'Azoulay). Fricassée de museaux. On passe la commande, Ariane sera un peu en retard dit Jean-Luc. Je le sais car elle m'a téléphoné quelques heures auparavant pour me donner l'adresse du restaurant. Nous en avons d'ailleurs profité pour parler du Club Dorothée 2. " Tu sais, moi je ne veux pas, il n'en est pas question, revenir à la télé et refaire ce que nous y avons fait " m'avait-elle dit ! En raccrochant je m'étais dit que je n'étais pas tout seul à penser négatif. Au bout d'un moment la conversation vient sur la nouvelle émission. Je dis à Jean-Luc que je ne pense pas que ce soit une bonne idée de refaire le Club Dorothée. Je lui redis que je ne me sens pas en phase et que ce serait une mauvaise idée de refaire ce que nous avons fait. Je lui dis qu'il n'a jamais manqué d'idées et que si le Club Dorothée doit revenir, il ne faut pas que ce soit la même chose qu'autrefois, que nous ne serions pas crédibles et que je préférerais dans ces conditions ne pas faire partie de l'aventure… Dorothée est en face de moi elle me sourit. Elle semble heureuse et soulagée que j'aie dit ça, comme si elle n'avait pas osé le dire à Jean-Luc et qu'elle soit heureuse que je l'aie fait. Jacky n'a rien dit. Seul Patrick semble triste. Il a manifestement envie d'enfiler à nouveau le costume des Trois Héros. Il nous raconte qu'il a rencontré des personnes qui seraient prêtes à financer une " pièce de théâtre " avec nous cinq pour faire faire le tour de la France au Club Dorothée… ou quelque chose comme ça… Je lui dis que je n'en serai pas. J'ai tourné la page. Ariane nous a rejoints. Nous parlons d'autre chose. Le vin est bon, on se raconte des souvenirs. Nous sommes tous joyeux. On rigole, on picole, mais pas trop. Jean-Luc demande, généreux, l'addition. On s'embrasse, on se quitte. On se reverra au Studio Gabriel le 31 octobre à l'enregistrement de l'émission que Michel Drucker lui consacrera…
Quelques jours plus tard je reçois un mail d'un fan qui me demande si je vais participer à la nouvelle mouture du Club Dorothée, je lui réponds : " Non " et j'explique pourquoi comme je viens de le faire ici. Le lendemain je reçois un mail de Jean-Luc qui a reçu le mail que j'avais envoyé au fan… Il semble tomber des nues… Il n'avait pas compris que je ne voulais pas revenir et me demande cette fois de donner ma position définitive. Je lui dis que je ne reviendrai pas, sauf pour présenter avec mes copains la première émission, mais rien de plus.
Voilà. L'histoire est terminée. Je sais que pour certains d'entres vous ce sera sans doute un peu douloureux. Je pense que Jean-Luc ne doit pas être ravi-ravi et que sans doute il m'en tiendra rigueur. Je sais tout ça, mais j'ai choisi et je suis content de l'avoir fait ! Ma vie c'est d'écrire et de chanter des chansons, pas de faire animateur de télé, même si j'y ai passé de merveilleux moments et accumulé des tonnes de souvenirs.
Je suis persuadé que la majorité d'entre vous me comprendra.
Merci.
Arrive le lundi. On a rendez-vous dans un magnifique restaurant de la Porte Maillot : Le Sud. Quand j'arrive Jean-Luc est là. Il y a déjà Dorothée, Jacky, Patrick et Gérard Salesses (le compositeur des tubes d'Azoulay). Fricassée de museaux. On passe la commande, Ariane sera un peu en retard dit Jean-Luc. Je le sais car elle m'a téléphoné quelques heures auparavant pour me donner l'adresse du restaurant. Nous en avons d'ailleurs profité pour parler du Club Dorothée 2. " Tu sais, moi je ne veux pas, il n'en est pas question, revenir à la télé et refaire ce que nous y avons fait " m'avait-elle dit ! En raccrochant je m'étais dit que je n'étais pas tout seul à penser négatif. Au bout d'un moment la conversation vient sur la nouvelle émission. Je dis à Jean-Luc que je ne pense pas que ce soit une bonne idée de refaire le Club Dorothée. Je lui redis que je ne me sens pas en phase et que ce serait une mauvaise idée de refaire ce que nous avons fait. Je lui dis qu'il n'a jamais manqué d'idées et que si le Club Dorothée doit revenir, il ne faut pas que ce soit la même chose qu'autrefois, que nous ne serions pas crédibles et que je préférerais dans ces conditions ne pas faire partie de l'aventure… Dorothée est en face de moi elle me sourit. Elle semble heureuse et soulagée que j'aie dit ça, comme si elle n'avait pas osé le dire à Jean-Luc et qu'elle soit heureuse que je l'aie fait. Jacky n'a rien dit. Seul Patrick semble triste. Il a manifestement envie d'enfiler à nouveau le costume des Trois Héros. Il nous raconte qu'il a rencontré des personnes qui seraient prêtes à financer une " pièce de théâtre " avec nous cinq pour faire faire le tour de la France au Club Dorothée… ou quelque chose comme ça… Je lui dis que je n'en serai pas. J'ai tourné la page. Ariane nous a rejoints. Nous parlons d'autre chose. Le vin est bon, on se raconte des souvenirs. Nous sommes tous joyeux. On rigole, on picole, mais pas trop. Jean-Luc demande, généreux, l'addition. On s'embrasse, on se quitte. On se reverra au Studio Gabriel le 31 octobre à l'enregistrement de l'émission que Michel Drucker lui consacrera…
Quelques jours plus tard je reçois un mail d'un fan qui me demande si je vais participer à la nouvelle mouture du Club Dorothée, je lui réponds : " Non " et j'explique pourquoi comme je viens de le faire ici. Le lendemain je reçois un mail de Jean-Luc qui a reçu le mail que j'avais envoyé au fan… Il semble tomber des nues… Il n'avait pas compris que je ne voulais pas revenir et me demande cette fois de donner ma position définitive. Je lui dis que je ne reviendrai pas, sauf pour présenter avec mes copains la première émission, mais rien de plus.
Voilà. L'histoire est terminée. Je sais que pour certains d'entres vous ce sera sans doute un peu douloureux. Je pense que Jean-Luc ne doit pas être ravi-ravi et que sans doute il m'en tiendra rigueur. Je sais tout ça, mais j'ai choisi et je suis content de l'avoir fait ! Ma vie c'est d'écrire et de chanter des chansons, pas de faire animateur de télé, même si j'y ai passé de merveilleux moments et accumulé des tonnes de souvenirs.
Je suis persuadé que la majorité d'entre vous me comprendra.
Merci.