ACBD nous donne, comme chaque année, le bilan 2011 pour la BD, comic, manga.
I- PRODUCTION
La production d’albums de bande dessinée est, une nouvelle fois, en progression, pour la 16e année consécutive : 5,327 livres appartenant au monde du 9e art ont été diffusés dans les librairies francophones ou via Internet en 2011 (5 165 en 2010).
Soit 162 titres de plus (+3,04% ) qu’en 2010, où il y en avait eu 302 de plus (soit +5,85% ). Le tout ne représente, pourtant, que 8,32% de la production éditoriale globale sur le marché français (contre 7,91 l’an passé). En effet, environ 64 000 nouveautés et nouvelles éditions ont été publiées en 2011, et d’autres domaines sont bien plus productifs : les sciences sociales, la littérature romanesque ou le livre de jeunesse (respecti vement environ 17% , 14% et 14% de la production éditoriale ).
les séries « asiatiques » dont la production se stabilise : 1520 nouveaux mangas, manhwas, manhuas et assimilés étant parus en 2011, soit 39,57% des nouveautés, contre 1522 et 39,94% en 2010.
II - ÉDITION
Désormais, 4 groupes dominent l'activité de ce secteur, assurant, à eux seuls, 43,6% de la production, alors que 310 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2011.
Le principal événement éditorial de 2011 est l'acquisition d'une part majoritaire des éditions Soleil par Guy Delcourt (lequel devient, en termes de chiffre d'affaires, le 2e plus important groupe éditorial et le 1er indépendant du secteur). Il n'y a donc plus que 4 groupes qui concentrent 43,6% des activités, alors que l'on a recensé 310 éditeurs différents ayant publié des albums de bande dessinée en 2011, soit 11 de plus qu'en 2010, où l'on en comptait 299.
Suite à son acquisition récente, Delcourt redevient aussi le plus gros producteur d'albums du moment avec 840 titres (soit 15,77% de la production de l'année). La maison mère, qui fête ses 25 ans et dont le catalogue est toujours l'un des plus diversifiés de l'Hexagone, a publié 476 opus – soit 8,94% (en comptant ses départements mangas, via Akata et Tonkam) : un peu moins que l'an passé où l'on en dénombrait 521 (soit 10,09%). Ses désormais filiales Soleil, Soleil Manga et Quadrants ont, quant à elles, stabilisé leur production en totalisant 364 albums – soit 6,83% (contre 374 et 7,24% en 2010).
Le groupe Média-Participations est toujours le plus important sur le plan économique (voir les données 2010 d'Ipsos et Livres Hebdo mises en annexes), mais il n'est plus qu'en 2e position en ce qui concerne la production, alors que leurs chiffres sont encore en augmentation : 775 titres ont été publiés sous ses filiales Dargaud, Dargaud Benelux, Kana, Le Lombard, Dupuis, Blake et Mortimer, Lucky Comics, Fleurus/Édifa, Mediatoon Publishing, éditions du BDouin et Huginn & Muninn – soit 14,55% de la production (contre 675 et 13,07% l'année passée). Ceci en attendant de développer, en 2012, un nouveau département comics (Urban Comics, en partenariat avec le groupe américain DC Comics) et un label communautaire basé sur le financement participatif culturel (MMC BD, en association avec My Major Company).
Bien que s'étant séparé de sa branche espagnole, le 3e éditeur du secteur, tant sur le plan économique que de la production, est le groupe Glénat, avec 469 titres – soit 8,8% (contre 430 et 8,33% en 2010) – publiés sous son propre label ou sous ses filiales Disney, Drugstore, Mangas, Treize Étrange ou Vents d'Ouest.
Le groupe Flammarion (filiale du groupe de communication italien RCS) conforte sa 4e place en termes de chiffre d'affaires, tandis que, rares exceptions à la règle dominante, ses labels Casterman, KSTR, AUDIE/Fluide glacial, Jungle et J'ai lu continuent de diminuer leur production bande dessinée avec 226 titres en 2011 – soit 4,24% (contre 254 et 4,92% l'année passée).
Bien loin derrière ces 4 leaders, les filiales bande dessinée d'Hachette Livre s'affirment, quand même, comme des outsiders solides, ne serait-ce que par la position privilégiée de ce groupe qui est le plus important de l'édition française, tous genres de livres confondus. En 2011, Hachette Livre a proposé 185 titres – soit 3,47% de la production –, contre 214 et 4,14% en 2010, par l'intermédiaire d'Albert-René (Hachette Livre détient désormais l'ensemble des droits éditoriaux, audiovisuels et merchandising liés à Astérix), Pika, Marabout, L.G.F et Lambert.
Suivent 11 groupes au poids économique non négligeable : Panini avec 265 mangas et comics – soit 4,97% (283 et 5,48% en 2010), Kazé Manga avec 188 mangas – soit 3,53% (185 et 3,58% en 2010) –, Bamboo avec 135 titres – soit 2,53% (contre 146 et 2,83% en 2010) –, le groupe Éditis et surtout sa filiale manga Kurokawa, mais aussi Belfond, First, Fleuve noir, Hors Collection, Robert Laffont et Pocket, avec 101 titres – soit 1,9% (90 et 1,74% en 2010) –, Clair de Lune avec 98 titres – soit 1,84% (97 et 1,88% en 2010)–, Ki-oon avec 88 mangas – soit 1,65% (77 et 1,49% en 2010) –, Taïfu avec 85 mangas – soit 1,59% (76 et 1,47% en 2010) –, Ankama avec 83 albums – soit 1,56% (52 et 1% en 2010) –, le groupe Gallimard et ses filiales Denoël, Folio et Futuropolis avec 77 ouvrages – soit 1,45% (85 et 1,64% en 2010) –, Les Humanoïdes associés avec 72 livres – soit 1,35% (39 et 0,75% en 2010) – et 12 bis avec 65 titres – soit 1,22% (57 et 1,1% en 2010).
III - ÉVALUATION
En ce qui concerne les mangas, il n'y a toujours que 10 séries (publiées chez 5 éditeurs) qui assurent 50% des ventes dans leur globalité : Naruto en tête, avec son tirage de 250 000 ex. pour chacun des 3 nouveaux tomes publiés en 2011. Il est suivi par les habituelles vedettes de la bande dessinée japonaise que sont One Piece (7 tomes entre 60 000 et 100 000 ex.), Fairy Tail (6 entre 80 000 et 100 000), Black Butler (3 à 72 000), Fullmetal Alchemist (3 à 71 000), Judge (seule véritable nouveauté avec 3 titres tirés entre 50 000 et 60 000), Bakuman (4 à 55 000), Pluto (3 à 55 000), Bleach (6 à 50 000) et Gunnm Last Order (3 à 50000). Sans oublier le fonds Dragon Ball qui se vend toujours très bien et le manga français DOFUS (2 titres autour de 40 000 ex.). Ce segment semble plutôt mature mais a bien du mal à se trouver de nouveaux leaders, compte tenu du fait que toutes les grosses licences sont déjà disponibles dans nos contrées.
IV - TRADUCTION
Le continent asiatique fournit toujours le nombre le plus important de titres, puisqu'il y a encore eu 1 494 albums d'origine asiatique parus en 2011 – soit 38,9% de la production des nouveautés du secteur (contre 1 477 et 38,76% l'année passée). Cela correspond à 499 séries différentes traduites du japonais, du coréen ou du chinois (496 en 2010) publiées chez 35 éditeurs différents (39 en 2010). Cependant, le public amateur des manhwas coréens (85 en 2011, pour 106 en 2010), des manhuas chinois (15 en 2011, pour 14 en 2010) et des créations de mangas européens (31, contre 46 l'an passé) a tendance à s'effriter. Toutefois, comme le marché francophone est l'un des plus ouverts dans le domaine qui nous intéresse, les éditeurs n'ont de cesse d'explorer de nouveaux territoires : 5 titres viennent de Singapour, 2 de Taïwan, et c'est un ouvrage philippin
En revanche, ce lectorat, souvent plus jeune et plus féminin que celui des albums franco-belges, reste fidèle aux mangas, appréciant toujours leur moindre coût et leur contenu, ainsi que la succession des tomes dans de courts délais, même si ce rythme est de plus en plus tributaire de la parution japonaise. En 2011, 1 387 mangas ont été traduits en français – soit 36,11% des nouveautés (contre 1 355 et 35,55% l'an passé) –, et semblent peiner un peu moins pour s'imposer sur un marché stabilisé et dominé par seulement 10 séries et 14 labels.
Glénat Mangas, éditeur de 129 nouveaux titres traduits en 2011, a repris la tête de ce segment particulièrement porteur pendant la dernière décennie (voir les données 2010 d'Ipsos et Livres Hebdo mises en annexes). Il est suivi de près par les éditions Kana, son principal concurrent, qui a proposé cette année 166 nouveautés (plus 2 sous le label Mediatoon Publishing). Ensuite, le secteur est détenu, dans une moindre mesure, par Delcourt (82 nouveaux titres traduits via Akata, 138 par sa filiale Tonkam et 107 par Soleil Manga), Kazé Manga/Asuka (181 nouveautés), Pika (153), Ki-oon (qui, avec ses 86 nouveaux opus, a encore progressé en chiffre d'affaires et reste le 1er éditeur indépendant de mangas en France), Taïfu (84 nouveautés), Kurokawa (79), Panini Manga (65), Bamboo avec Doki-Doki (46), Casterman avec Sakka (26) et Ankama (23 nouveautés sous son nouveau label Kuri). Si les productions des autres éditeurs (Athenagram, BFL, Cornélius, 12 bis, ED, Flblb, H, Imho, Le Lézard noir, Matière, Sarbacane, Vertige Graphic...) restent anecdotiques en ce domaine, il ne faut pas oublier celles de Booken Mangas, Clair de Lune, Paquet ou Samji pour la bande dessinée coréenne, de Fei, Xiao Pan ou You-Feng pour la chinoise et des éditions de l'Emmanuel pour Singapour.
V - RÉÉDITION
Vu la production et l'état du marché, pour que certains ouvrages soient toujours présents en librairies, il est aujourd'hui indispensable de passer par les cases rééditions, compilations ou intégrales ; ceci d'autant plus facilement que ces livres, rhabillés ainsi en nouveautés, sont très souvent sources de marges, puisque déjà amortis. [...]
On retrouve cette tendance, même si elle reste encore largement minoritaire dans la production, chez les éditeurs traducteurs de séries asiatiques, américaines ou italiennes, puisque l'on dénombre aussi 126 rééditions de mangas (116 en 2010), 65 de comics (66 en 2010), 31 de fumetti d'Italie (29 en 2010), 9 d'historietas d'Argentine, 7 de manhwas (22 en 2010)...
IX - PRÉPUBLICATION
La bande dessinée est toujours bien exposée dans les kiosques, ne serait-ce qu'avec ses 76 revues spécialisées et 15 séries de fascicules proposant un bonus (figurines, DVD, albums, jeux...).
Quant aux périodiques sur les mangas (Akiba Manga, AnimeLand, Coyote Mag, Daruma-Magazine, Japan Life Style, Made in Japan, Manga Kids, Mega Duel, MK+, Maniak !...), dont les tirages sont souvent équivalents, ils parlent surtout des dessins animés, de la culture et des jeux provenant du Japon.