Citation
Je suppose que vous l’avez remarqué, mais du moment qu’un Japonais commence à boire de l’alcool, dans un manga ou un anime, il finit généralement complètement ivre. Se faisant, nous serions tentés de penser que les boissons japonaises sont fortement alcoolisées. Que nenni ! Leur célèbre saké, à la différence du saké chinois, est un vin, et son titre alcoolique équivaut à celui des vins blancs français ; en ayant bu, je l’ai même trouvé plutôt “faible”. Les Japonais sont aussi de grands consommateurs de bière, mais la bière, c’est à 5.5% (soit 5.5 grammes d’ethanol pour 100 grammes de liquide). Bien sûr, nous retrouvons aussi au Japon les mêmes boissons qu’en France, mais ce sont les deux précédentes les plus appréciées.
Pour l’Européen moyen, il n’y aurait vraiment pas de quoi se mettre minable, à moins d’en boire des litres ; et encore, il faudrait vraiment les boire vite, pour que l’alcool ait le temps de s’accumuler avant d’être éliminé. Pourtant, si vous avez bien remarqué, il suffit de quantités relativement raisonnables aux personnages pour finir par danser sur une table. Alors quoi ? Les mangaka exagèrent-ils quant aux effets du saint éthanol sur leurs concitoyens, et certainement sur eux-mêmes ? Non, tout a une explication scientifique (agent Mulder).
Pour bien comprendre ce phénomène, il convient de parler du devenir de l’éthanol, l’alcool de nos boissons, dans notre organisme. Il entre par la bouche, descend jusqu’à l’estomac, et arrive dans l’intestin, où il est absorbé par notre organisme ; différents facteurs influent sur cette absorption, mais elle est généralement très bonne, et environ 90% de l’alcool ingéré passe dans le sang. Le sang traverse (notamment) le foie, et c’est là que l’alcool est récupéré, par les hépatocytes. Là, l’éthanol sera métabolisé : il va subir plusieurs transformations. Tout d’abord, l’éthanol est pris en charge par l’ADH (Alcool DésHydrogénase) qui le transforme en acétaldéhyde. L’acétaldéhyde est transformé en acétate par l’ALDH (AcétaLdéhyde DésHydrogénase). Cet acétate sera ensuite transformé par la thiokinase en acétylCoA, qui est une forme d’énergie de l’organisme.
Venons-en maintenant aux problèmes des Japonais. Je suppose que vous avez quelques bases en génétique, enfin un minimum. Ce sont nos gènes qui codent pour les différentes parties de notre anatomie, et pour chaque type de gène, il existe différents allèles possibles - comprenez “plusieurs versions différentes” possibles - ce qui explique les variations entre individus, ne serait-ce qu’au niveau physique ; mais c’est valable pour tout. Vous connaissez la génétique des populations ? C’est l’étude des allèles que nous retrouvons dans les diverses sociétés humaines. Ainsi, certains allèles se retrouvent fréquemment chez certains peuples, et chez d’autres, presque jamais ; c’est le cas pour le groupe sanguin, par exemple : le type O est majoritaire en Europe, mais pas au Japon.
Maintenant que vous avez tous les éléments en main, je peux passer à l’explication proprement dite de notre problème.
Ce sont nos gènes qui codent pour nos enzymes ; et des variations sur ces gènes entre deux individus provoquent des variations sur ces enzymes. En l’occurence, deux m’intéressent, citées plus haut : l’ADH et l’ALDH. Il a été découvert 3 types d’ADH, dont une dite “atypique”, très peu efficace ; et bien cette ADH, rare en Europe, est présente chez 85% des Japonais ! L’éthanol est ainsi éliminé beaucoup plus lentement, et reste présent beaucoup plus longtemps dans le sang du sujet, en exacerbant les effets. Mais ce n’est même pas tout. Il existe deux types d’ALDH chez chaque individu : l’ALDH 1, la moins efficace, et l’ALDH 2, la plus efficace. Devinez laquelle des deux est inopérante chez 52% des Japonais ? La 2, évidemment. Ce petit problème provoque une accumulation d’acétaldéhyde, celui-ci induisant des nausées et des maux de tête, aggravant encore les symptomes liés à l’alcool. Statistiquement, un Japonais a plus de chance d’avoir le déficit génétique sur ces deux enzymes que sur aucune ; et même un déficit sur une seule induit déjà des effets notables.
Nous pouvons vraiment dire qu’au niveau alcoolique, les Japonais ne sont pas bien lotis (même si certains y verraient plutôt un avantage). A cause d’un problème génétique, la faculté de leur corps à se débarasser de l’alcool est fortement réduite, d’où les effets pouvant sembler aberrants observés dans de nombreux manga, animes, ou films japonais. Mais pour autant, je ne suis pas sûr que les Japonais soient prêts à arrêter la bière et le saké.
Pour l’Européen moyen, il n’y aurait vraiment pas de quoi se mettre minable, à moins d’en boire des litres ; et encore, il faudrait vraiment les boire vite, pour que l’alcool ait le temps de s’accumuler avant d’être éliminé. Pourtant, si vous avez bien remarqué, il suffit de quantités relativement raisonnables aux personnages pour finir par danser sur une table. Alors quoi ? Les mangaka exagèrent-ils quant aux effets du saint éthanol sur leurs concitoyens, et certainement sur eux-mêmes ? Non, tout a une explication scientifique (agent Mulder).
Pour bien comprendre ce phénomène, il convient de parler du devenir de l’éthanol, l’alcool de nos boissons, dans notre organisme. Il entre par la bouche, descend jusqu’à l’estomac, et arrive dans l’intestin, où il est absorbé par notre organisme ; différents facteurs influent sur cette absorption, mais elle est généralement très bonne, et environ 90% de l’alcool ingéré passe dans le sang. Le sang traverse (notamment) le foie, et c’est là que l’alcool est récupéré, par les hépatocytes. Là, l’éthanol sera métabolisé : il va subir plusieurs transformations. Tout d’abord, l’éthanol est pris en charge par l’ADH (Alcool DésHydrogénase) qui le transforme en acétaldéhyde. L’acétaldéhyde est transformé en acétate par l’ALDH (AcétaLdéhyde DésHydrogénase). Cet acétate sera ensuite transformé par la thiokinase en acétylCoA, qui est une forme d’énergie de l’organisme.
Venons-en maintenant aux problèmes des Japonais. Je suppose que vous avez quelques bases en génétique, enfin un minimum. Ce sont nos gènes qui codent pour les différentes parties de notre anatomie, et pour chaque type de gène, il existe différents allèles possibles - comprenez “plusieurs versions différentes” possibles - ce qui explique les variations entre individus, ne serait-ce qu’au niveau physique ; mais c’est valable pour tout. Vous connaissez la génétique des populations ? C’est l’étude des allèles que nous retrouvons dans les diverses sociétés humaines. Ainsi, certains allèles se retrouvent fréquemment chez certains peuples, et chez d’autres, presque jamais ; c’est le cas pour le groupe sanguin, par exemple : le type O est majoritaire en Europe, mais pas au Japon.
Maintenant que vous avez tous les éléments en main, je peux passer à l’explication proprement dite de notre problème.
Ce sont nos gènes qui codent pour nos enzymes ; et des variations sur ces gènes entre deux individus provoquent des variations sur ces enzymes. En l’occurence, deux m’intéressent, citées plus haut : l’ADH et l’ALDH. Il a été découvert 3 types d’ADH, dont une dite “atypique”, très peu efficace ; et bien cette ADH, rare en Europe, est présente chez 85% des Japonais ! L’éthanol est ainsi éliminé beaucoup plus lentement, et reste présent beaucoup plus longtemps dans le sang du sujet, en exacerbant les effets. Mais ce n’est même pas tout. Il existe deux types d’ALDH chez chaque individu : l’ALDH 1, la moins efficace, et l’ALDH 2, la plus efficace. Devinez laquelle des deux est inopérante chez 52% des Japonais ? La 2, évidemment. Ce petit problème provoque une accumulation d’acétaldéhyde, celui-ci induisant des nausées et des maux de tête, aggravant encore les symptomes liés à l’alcool. Statistiquement, un Japonais a plus de chance d’avoir le déficit génétique sur ces deux enzymes que sur aucune ; et même un déficit sur une seule induit déjà des effets notables.
Nous pouvons vraiment dire qu’au niveau alcoolique, les Japonais ne sont pas bien lotis (même si certains y verraient plutôt un avantage). A cause d’un problème génétique, la faculté de leur corps à se débarasser de l’alcool est fortement réduite, d’où les effets pouvant sembler aberrants observés dans de nombreux manga, animes, ou films japonais. Mais pour autant, je ne suis pas sûr que les Japonais soient prêts à arrêter la bière et le saké.
Les merveille de la génétique, où comment faire passer les Européens pour des ivrognes quand ils sont en séjour au japon ^^