Sharemanga: LHA (18) Compréhension du langage - Sharemanga

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C/ Résultats comparatifs bonobo versus chimpanzé

Avant, les premières études avec les Bonobos au LRC (avec les bonobos Kanzi et Mulika), deux chimpanzés mâles, Sherman et Austin, ont appris à utiliser et à comprendre des symboles visuo-graphiques, ou lexigrammes, grâce à des paradigmes basés sur la répétition. Chaque fonction de communication - demander, catégoriser et la compréhension des autres énoncés - a été apprise séparément et a requis beaucoup d'essais répétés pour que les chimpanzés les assimilent. Sherman et Austin semblaient comprendre certaines demandes verbales qui leur étaient présentées régulièrement, mais quand on compare leurs performances dans une tâche de réception langagière d'un seul mot (Donne moi X), les deux chimpanzés montrent alors une incompréhension de l'anglais parlé en absence d'indices contextuels.
Les résultats de Sherman et Austin suggèrent une possible différence entre les espèces quant à la capacité à comprendre le langage oral complexe. Si c'est confirmé, cette différence apporterait un point de distinction entre les deux espèces et pourrait fournir des indices importants en ce qui concerne l'évolution du langage humain.

Cependant, dans ces recherches, la comparaison des sujets bonobos et chimpanzés à été compromise par des différences dans leur éducation. Les chimpanzés avaient entre 1 an et demi et 2 ans et demi quand ils ont commencé la formation aux symboles, alors que les bonobos avaient 4 à 6 mois quand ils furent pour la première fois exposés à l'utilisation des symboles et à l'anglais (parlé par leur soigneurs). Il se peut que l'exposition et l'attachement aux humains de manière précoce soit un facteur critique pour le développement de la compréhension de la parole chez les chimpanzés. Il semble possible que ce soit le cas. De même, les recherches avec les chimpanzés Viki et Gua ont suggéré qu'une partie de la compréhension de la parole a pu être développée dans les situations d'élevage dans les habitations humaines, mais les comptes-rendus basés sur des données collectées sans contrôle du contexte sont de ce fait inexploitables. Il s'agissait donc de contrôler ces paramètres de manière plus rigoureuse.

Dans la recherche présentée ici on a, pour la première fois, des membres de deux espèces non humaines qui ont été élevés ensemble depuis le début de leur développement et qui ont profité d'un environnement qui a stimulé le développement de leurs compétences dans un langage non-articulé. Ceci permet de faire des comparaisons directes entre les membres de ces espèces et propose de nouveaux domaines d'étude qui pourraient se révéler intéressants pour le champ de recherche des processus d'apprentissage du langage chez l'humain.

Les résultats obtenus, bien que collectés de manière indépendante en utilisant diverses techniques, montrent une remarquable convergence. On voit que le Bonobo a les meilleures compétences de réception des deux sujets pendant toute la période de développement. Sa performance n'a pas été affectée par la suppression des indices contextuels potentiels ou par la combinaison de mots qu'elle connaissait dans des phrases complexes. Le modèle de développement de la réception du langage chez Panbanisha est caractéristique de son acquisition chez le bonobo, modèle qui n'est pas différent de celui de l'enfant avant l'âge de deux ans et demi. Mais la taille du vocabulaire des primates augmente moins vite que celle d'un enfant humain.

Plus surprenant que le haut niveau de performance du bonobo, est la démonstration de la compréhension du discours par le chimpanzé. Bien que son niveau d'exactitude reste plus bas que Panbanisha tout au long de l'étude, Panpanzee démontre toutefois de bonnes compétences dans la compréhension du discours bien au-dessus de celles des autres chimpanzés testés de la même manière mais élevés de façon différente. Ces données fournissent une preuve importante des effets de l'élevage sur l'apprentissage du langage. Par son immersion dans une culture langagière riche durant son développement et la possibilité, grâce aux interactions et aux opportunités d'apprendre par observation - conditions qui ressemblent à celles expérimentées en pratique par tous les humains durant leur enfance - ce chimpanzé a été capable de développer des compétences rudimentaires de compréhension du langage.

Prise globalement les données de ces sujets indiquent que beaucoup de pré-requis neuronaux à l'acquisition du langage simple ont du être mis en place des millions d'années avant les changements anatomiques. Les résultats des membres de ces deux espèces de primates, qui ont un écart de moins de 3 millions d'années dans l'évolution, montrent clairement qu'il existe pour eux des potentiels différents pour l'apprentissage du langage.

En fait, il semble qu'un ensemble plus complexe de systèmes soit impliqué dans la production d'un modèle résumant les observations de cette étude. Les composants de ces systèmes, s'enracineraient dans les processus et les structures neurophysiologiques et pourraient inclure, par exemple, la mémoire, l'attention et l'habileté à organiser l'information.

Considérons le rôle de l'attention par exemple. Pour apprendre la signification d'un mot articulé, on doit faire attention au son qui a été énoncé aussi bien qu'à la signification de ce son. Si un lexigramme est utilisé comme une représentation visuelle de ce mot, alors on doit accorder à ce lexigramme un supplément d'attention. De plus, la présentation de tous ces stimuli doit permettre à l'individu de les relier ensemble comme le symbole et son référent. Le processus requiert une capacité de concentration sur les composants caractéristiques de la situation. Si les sources de ces composants sont distinctes dans le temps - situation équivalente à l'absence de référent (ou signifiant) lors de l'utilisation d'un symbole - la mémoire à long terme de l'individu doit alors nécessairement rentrer en jeu.

Le chimpanzé commun est, comparé au bonobo, retardé de plusieurs mois dans sa capacité à se concentrer sur plus d'un objet au même moment. Bien que Panpanzee ait acquis une meilleure capacité à contrôler son attention en grandissant, elle a continué à être facilement distraite par des événements extérieurs. Les mots pour lesquels le chimpanzé a les meilleures compétences de réception furent aussi ceux pour lesquels elle manifeste le plus d'intérêt. Peut être que ces stimuli ont créé un état de motivation ou d'excitation qui lui a permis d'associer au symbole une signification.

Un autre domaine dans lequel les différences entre ces espèces peuvent être étendues est la capacité à produire puis à intégrer des séquences d'informations ou des informations provenant de sources multiples. Ces capacités ont été reliées au fonctionnement du lobe frontal . En effet, cette partie du néocortex est une aire du cerveau dans laquelle existent de grandes différences de volume entre l'homme et les primates . Mais des comparaisons analogues entre le néocortex des bonobos et des chimpanzés n'ont pas encore été réalisées.

Le chimpanzé montre des difficultés à répondre aux énoncés dans lesquels plusieurs aspects, comme une action, un objet, et une situation, doivent être gardés à l'esprit. On peut penser que de telles difficultés sont dues à des limitations dans des processus neuronaux permettant l'intégration de différentes unités d'informations . De plus, l'acquisition du vocabulaire requiert l'intégration d'informations provenant de différents canaux sensoriels . Panpanzee a peut être eu plus de difficultés que Panbanisha pour relier toutes les sources d'informations nécessaires au succès de son apprentissage et c'est pour cela que son vocabulaire n'a, à aucun moment, été plus étendu que celui du bonobo.
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