Bonjour Doudy,
je découvre aussi ce sujet aujourd'hui et j'ai beaucoup de choses à dire après l'avoir parcouru. Voilà certainement une affaire grave et sérieuse.
Tout d'abord, il faut savoir que consulter un psy et discuter avec ses amis sont deux choses tout à fait différentes. Un psy n'est pas un ami et vice versa. Je sais de quoi je parle puisque mon meilleur ami est psy. Alors qu'on attend plutôt d'un ami du soutien et qu'il prenne fait et cause pour soi, le rôle du psy est d'accompagner le patient dans une démarche de rélféxion de fond structurée.
La première chose, essentielle et vitale pour ta copine et de supprimer tout lien de dépendance et de subordination vis à vis de sa famille, et je pense en particulier à cet appartement qui vous est loué à des conditions avantageuses (comme c'est curieux) par ce lui qu'elle considère comme un aggresseur. Tant que cela n'est pas fait, vous serez toujours en situation de faiblesse (risque de mise à la porte) ou on pourra vous opposer un argument facile du style "après tout ce que j'ai fait pour vous, vous venez m'embêtez avec ces vieilles histoires." Je me demande même si cette location n'est pas une façon inconsciente pour son frère de se dédouaner de ce qu'il a fait. Enfin cela vous affranchira de la peur des représailles (qui n'auraient sans doute jamais eu lieu).
Je pense qu'il n'est pas bon à long terme qu'elle fuie cette situation. Ca va vous pourrir la vie. D'ailleurs ça lui pourrit déjà la sienne puisqu'elle n'ose plus répondre au téléphone et qu'elle se cache dans la rue. il faut qu'elle soit capable de croiser ses parents et de leur dire droit les yeux : "voilà ce qui s'est passé. Vous ne me croyez pas, vous minimisez les faits ? Ca ne change rien à al réalité des faits."
Concernant la réaction des parents, elle était malheureusement partiellement prévisible pour trois raisons :
- il n'ont pas envie de faire un "choix" entre leurs deux enfants. Minimiser les faits ça leur permet de ne pas se mouiller, de ne pas prendre parti. Que ferions-nous, nous tous sur le forum, si nous étions confrontés à la même situtation ? Qui croire et qui accuser de mensonge ? Bref, ils fuient devant la prise de décison.
- ils ne veulent pas être confrontés à la faillite de leur système éducatif et préfèrent occulter la réalité. Il est difficile pour les êtres humains d'accepter l'échec. Bref, ils fuient leur responsabilité.
- Ils pensent que leur bonheur, leur petit monde, risque d'être détruit avec une affaire pareille. Ce qu'ils n'ont pas réalisé c'est que ce bonheur n'est qu'illusoire. Bref, ils fuient la réalité.
Comment en parler aux parents et aux autres membres de la famille ?
1/ Leur faire une description précise et biologiquement détaillée de ce qui s'est passé. Ce n'est pas facile et même choquant. Ils vont certainement se boucher les oreilles et dire : c'est dégueulasse, pas la peine d'employer des mots pareils, c'est répugnant ce que tu dis, pourquoi se rouler dans la boue comme ça , etc. Là vous marquez un point, car en les bousculant avec le vocabulaire, vous les forcez à appréhender la réalité crue vécue par ta copine : on sort de la logique pseudo-bienveillante du touche-pipi
2/ Les pousser à réaliser l'ampleur des fait en faut prouver que ce qu'a vécu ta copine n'est pas anodin. Il faut pour cela argumenter sur ta propre expérience personnelle et sur celle de ses amies (perso, je suis peut-être un cas à part j'ai jamais joué à touche-pipi avec ma cousine). Ils vont certainement réagir en disant que c'est une honte d'en avoir parlé "aux premiers venus" et que vous n'avez aucune pudeur. Là vous marquez encore un point en mettant en évidence la gravité des faits : si cela était aussi anodin qu'ils le prétendent (et qu'ils essaient de s'en persuader) il n'y aurait pas de problème à en parler avec des amies. Il faut bien leur dire qu'en réalité, ce qui les gêne n'est pas de la pudeur mais bien de la honte. Ultime preuve : la mère a dit que cela pouvait menacer le mariage, ce qui est contradictoire avec un fait anodin. Tu peux aussi les renvoyer à leur propre expérience : est-ce qu'ils ont chacun eu des rapports avec leur frères/soeurs/cousins/cousines.
3/ Insister sur la différence d'âge et l'âge absolu du frère : un attouchement de la part d'un garçon de 16, je peux dire que ça n'a rien d'innoncent. 16 ans, c'est un âge où on a déjà une très bonne idée de ce qui est "sexuel" ce qui n'est pas le cas d'une gamine de 9 ans. Et par sexuel, j'entends bien la signification forte du mot (majorité sexuelle à 15 ans en France je le rappelle), pas une simple abstraction moralo-religieuse de sainte-nitouche.
EDIT : j'en profite pour signaler que "L'âge limite [pour déterminer si la victime est majeure sexuellement] est élevé de 15 à 18 ans dans le cas de relations entre un mineur et un ascendant ou toute personne ayant autorité par nature ou par sa fonction" (par exemple un grand frère). Entre 9 et 18 ans il y a une sacrée marge qui dépasse largement la zone de tolérance ! D'ailleurs la peine passe de 5 à 7 ans d'emprisonnement (=agression sexuelle) puisque le consentement est toujours réfuté par les tribunaux si la victime est en-dessous de 12/13 ans.
A tout cela, je mets un bémol et je pose la question suivante : pourquoi en premier lieu avoir voulu convaincre les parents ? Ta copine et son frère sont adultes. Il ne faut plus attendre des parents qu'ils interviennent pour "gronder" le grand-frère qui a molesté sa soeur et pour arranger les choses. Tout ça, c'est terminé et il faut en prendre conscience. C'est désormais à vous de prendre votre destin en main. Surtout si comme tu le signales, ses parents semblent fragiles psychologiquement. J'en veux pour preuve que la première chose que sa mère a fait, c'est une crise d'hystérie auprès de sa belle-soeur (qui se serait certainement passé de ce genre d'accusation). De même, il est absolument à exclure que ta copine retourne chez ses parents "pour les faire chier" en cas d'expulsion, c'est un comportement de gamin pas d'adultes (sans compter que ce serait malsain pour votre couple d'habiter sous leur toit).
Tout ça, plus tout ce que tu as évoqué dans les messages précédents, c'est le signe d'un climat familial complètement délétère dont je crois que cet affaire d'attouchements n'est qu'un des aspects, une manifestation. C'est là que le rôle du psy est essentiel puisqu'il permettrait à ta copine d'approcher le problème dans sa globalité. Ca me parait d'autant plus essentiel d'en passer par là pour ta copine afin de se restructurer. C'est indispensable si vous souhaitez fonder un foyer équilibré dans l'avenir.
La deuxième chose, c'est que ta copine doit avoir une réflexion personnelle de fond sur ce qu'elle attend en ressortant cette histoire. Qu'est ce que ta copine recherche exactement : une reconnaissance des faits, des excuses (et de la part de qui : parents, frère...), vivre mieux, avertir sa belle-famille, une condamnation légale... ? Il faut également qu'elle réfléchisse jusqu'où elle est près à aller (tribunaux...) en sachant que c'est très dur psychologiquement de laver son linge sale en public et que passé un certains point il est difficile de revenir en arrière. Dans ce domaine où ce sera la parole de l'un contre la parole des autres, pour prouver sa position devant un tribunal, chaque camp devra détruire psychologiquement son adversaire en le faisant passer pour un cinglé à interner. Il faut qu'elle se demande si elle veut passer par là, sans compter qu'elle ne peut être à 100% sûre de gagner, puisque c'est celui qui cogne le plus fort qui l'emporte. J'ai peur qu'il n'y ait que des désillusions à la clé. En plus, dans ce genre d'affaires, malgré la condamnation, l'accusé-coupable refuse souvent de reconnaître les faits à la grande déception de la victime. Dans ce domaine, le procès n'est qu'une étape mais n'est en aucun cas la solution-miracle à vos problèmes.
Troisième chose, il faut impérativement vous extirper de la logique de chantage préventif
"Je vais aussi leur rappeler ce que risque leur fils, et que s'il joue au con(genre appeler ma copine pour l'insulter), c'est un procès pour viol qui l'attend aux assises"
Je pense qu'ils ont parfaitement à l'esprit depuis le début qu'ils ont une épée de damoclès au-dessus de la tête, puisqu'ils cherchent à étouffer l'affaire. Ils ne faudraient pas non plus qu'ils se lancent dans un délire paranoïaque selon lequel vous pourriez utilisez cette affaire comme un moyen de pression pour obtenir dieu sait quoi. Attention, il ne faut pas pour autant que vous vous mettiez à penser que leur "tranquilité" devrait être prioritaire par rapport au bonheur de votre couple.
Enfin, il ne faut pas forcer ta copine à accomplir la démarche de consultation du psy, mais la convaincre par la discussion : en particulier en lui montrant l'enjeu pour l'avenir (je pense que l'argument de fonder une famille équilibrée, c'est quelque chose auquel elle devrait être réceptive en tant que femme).
Je suis désolé si mon opinion sur un éventuel procès révolte ou indigne certains d'entre vous. Ce n'est pas que je n'ai pas foi dans la justice en général, mais dans ce type de cas précis où les éléments factuels seront inexistant, j'ai non seulement des doutes sur le verdict de la procédure, mais aussi et surtout sur le bénéfice moral qui en résultera pour ta copine. Ces doutes se fondent sur ce que l'on peut lire généralement dans la presse sur ce genre d'affaire (verdict et commentaires des plaignants/victimes). Peut-être une association de victimes pourra-t-elle mieux vous conseiller sur l'opportunité d'une démarche juridique.
Bien entendu tous mes bonnes paroles sont facile à dispenser pour quelqu'un qui est extérieur à l'affaire et qui ne voit ça que par le petit bout de la lorgnette de Sharemanga, confortablement assis devant son écran. Je me doute bien qu'en pratique c'est dur pour elle, et aussi pour toi qui doit avoir le sentiment de se sentir impuissant face au désarroi de ta copine. Je ne peux que vous souhaiter bon courage et beaucoup de bonheur dans d'autres réalisations de votre vie de couple.