Bien des années plus tard, face à la porte d'embarquement, l'ami Sudaka devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son ami Camilo l'emmena faire connaissance avec les films d'Akira Kurosawa. Mais on s'en fout. Ça décolle, l'avion fait un bruit bizarre. Cacophonie de tôles. J'espère, si jamais ça pète, ne pas avoir le temps d'avoir peur. Je crois que ça y est, j'ai survécu au décollage, reste plus qu'à ne pas atterrir sur des réservoirs à fioul. J'en ai pour encore 11h de vol, destination Bahia Nara. J'ai atteint la vitesse de 914 km/h. Au niveau de la Baltique, les japs ont complètement écoulé le stock de champagne, il commence à se faire faim. Le champagne commence à faire des ravages dans ma tête d'enfant. Mine de rien ça attaque bien le champagne sur tripaille inoccupée. Peu à peu ma tête se peuple d'idées noires et je me retiens fermement de sauter par le hublot que je n'arriverais jamais à ouvrir.
Il reste encore 8791 barre verticale, barre horizontale, barre horizontale un peu plus grande puis carré à droite à parcourir. Je suppute que cet ensemble enchevêtré de traits veut dire kilomètres. Pas con le Sudaka. Mais hey, je vois qu'on est au-dessus de Nörrkoping, détail insignifiant mais qui n'a aucune importance pour la suite du récit et de toute façon les plateaux repas arrivent.
Étant de nature téméraire et d'esprit aventureux, je prends le menu estampillé poiscaille. La photo satellite de la Norvège se résume à une grosse tâche blanche.
(Ellipse : procédé rhétorique consistant à passer sous silence une période de temps c'est-à-dire à ne pas en raconter les évènements)
En fait le poisson, c'était genre trop pas bon. Même pas cru et tout sec. J'ai dû bien l'arroser du coup. Vraiment dégueu. Le digestif par contre c'était pas trop mal. Une espèce de liqueur de Poire Williams assez sympa. Le truc chiant avec les voyages c'est que dans l'avion y a rien d'autre à faire que de boire et de manger. Et ça les japs l'ont bien compris, après le champagne ils s'attaquent au Cognac, leur rubicondeur ne cesse de grandir en même temps que mon envie de verser ma miction dans les cabinets ad hoc, mais il y a la queue.
つづく
Il reste encore 8791 barre verticale, barre horizontale, barre horizontale un peu plus grande puis carré à droite à parcourir. Je suppute que cet ensemble enchevêtré de traits veut dire kilomètres. Pas con le Sudaka. Mais hey, je vois qu'on est au-dessus de Nörrkoping, détail insignifiant mais qui n'a aucune importance pour la suite du récit et de toute façon les plateaux repas arrivent.
Étant de nature téméraire et d'esprit aventureux, je prends le menu estampillé poiscaille. La photo satellite de la Norvège se résume à une grosse tâche blanche.
(Ellipse : procédé rhétorique consistant à passer sous silence une période de temps c'est-à-dire à ne pas en raconter les évènements)
En fait le poisson, c'était genre trop pas bon. Même pas cru et tout sec. J'ai dû bien l'arroser du coup. Vraiment dégueu. Le digestif par contre c'était pas trop mal. Une espèce de liqueur de Poire Williams assez sympa. Le truc chiant avec les voyages c'est que dans l'avion y a rien d'autre à faire que de boire et de manger. Et ça les japs l'ont bien compris, après le champagne ils s'attaquent au Cognac, leur rubicondeur ne cesse de grandir en même temps que mon envie de verser ma miction dans les cabinets ad hoc, mais il y a la queue.
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