Sharemanga: Enfant de choeur - Sharemanga

Je vous jure les amis, je stresse. Cette visite tant redoutée chez le dentiste me renvoie à mon enfance, à l'époque j'étais enfant de choeur. C'est quoi le rapport avec le dentiste ? aucun. Sudaka82, enfant de choeur ? oui.

J'ai juste envie de raconter ma vie, comme ça, pour le fun. Bientôt les blogs remplaceront les psy.

J'avais douze ans, j'habitais ma Colombie natale et je chantais avec mes potes à l'église les dimanches midi. C'était une des activités ludiques de l'Enfance missionnaire. Je m'étais engagé suite à l'adhésion de ma voisine d'en face qui elle aussi était enfant missionnaire et pour qui j'en pinçais. Fleur bleue que je suis, j'ai contacté le couvent du coin et puis voilà, une chose dans l'autre ne voilà-t-il pas que presque toute notre bande se retrouvait à l'enfance missionnaire.

Je le faisais moins par croyance que par amûûûûûr. Le fait est qu'un pote est moi sommes devenus les leaders de l'enfance missionnaire de mon quartier. Et alors on était envoyés à des congrès, des colloques où qu'on rencontrait d'autres enfants comme nous, qui chantaient la gloire du seigneur : Osanna hé, hé ! Osanna ha, ha ! Osanna hé, Osanna hé, Osanna ha !
Faut pas croire, mais on trouve de gens vachement sympa dans ces conventions. C'est un peu comme des JapanExpo autour du seigneur et pas du Japon. Tous frais payés par la paroisse d'El Trianon. Chacun son trip, non ?

En tant que meneurs du troupeau, nous étions aussi obligés de lire l'évangile pendant la messe devant tout le monde, de faire moultes signes de croix avec nos mains, agrémentés de courbettes et génuflexions. Mais la pire tâche qui nous était imposé, c'était de faire un solo de voix le dimanche.

Et c'est la que le bat blesse, parce que le plus dur ce n'était pas de faire le solo mais de ne pas rigoler comme un taré. À la fin, nous avons fini par démocratiser les solos du dimanche, du coup on était de corvée solo qu'un dimanche sur trois. C'est peut-être de là que vient ma passion du karaoké.

Un truc marrant qu'on faisait aussi, c'était aller dans les quartiers défavorisés pour rendre le sourire aux enfants ! C'était d'autant plus marrant quand on sait que mon quartier n'était pas ce qu'on peut appeler un quartier ne serait-ce que moyennement favorisé.

Quelques six mois après, mon pote et moi fûmes conviés à quitter l'enfance missionnaire, il paraît qu'on avait plus la foi et qu'on venait aux réunions du dimanche 16h seulement pour piquer le mangues du manguier du couvent. Et puis c'était pas une façon de venir au couvent avec des chemises blanches pleines de boue et de tâches de mangue. De plus, une bonne soeur m'avait tapé parce que j'avais oublié d'enlever ma casquette en entrant au temple du seigneur.
Et pour finir, j'ai été déçu qu'un de nos meilleurs potes ne fût pas t'admis sous pretexte qu'il était protestant.

Quelques mois après ce départ, ma voisine devint ma copine. Quelques mois après elle me quitta pour un blond du quartier voisin qui était plus beau que moi (en même temps c'est pas difficile).

Deux ans après, je commençais à écouter des musiques décadentes : The Clash, Sex Pistols et autres avatars du punk. J'ai arrêté de faire semblant d'avoir la foi et me suis mis à dire que mon Dieu c'était le même que celui de Nietzsche.

Trois ans après, on m'obligeait à faire la première communion, au cas où qu'elle disait ma mère... J'avais pas fait de catéchimse mais on a trouvé un curé qui m'a fait communier à l'arrache à la fin de la messe. C'est là que j'ai appris que le corps du seigneur collais au palais.

Sept ans après, j'ai revu ma voisine. Elle va encore à la messe du dimanche midi, il paraît que j'ai mal tourné, moi en tout cas je me dis que je l'ai échappé belle.

Aujourd'hui, je suis en France et peut-être mourrais-je sous la fraise de mon dentiste.